GUIDE: AUBERGES DE JEUNESSE À AMSTERDAM
Renseignements
Office néerlandais du tourisme. 9, rue Scribe, 75009 Paris, 01-43-12-34-20.
Monnaie
euros.
Téléphoner
Pour appeler de France aux Pays-Bas, 00-31 + 20 pour Amsterdam, suivi du numéro du correspondant.
Voyager
En train. Le TGV Thalys relie Paris à Amsterdam (4 heures de trajet). Formule loisirs (billet non modifiable): environ 86 euros A/R en 2e classe. 08-36-35-35-36.
En voiture. Tout autoroute, 520 kilomètres environ de Paris.
En avion. A partir de 130 euros avec Air France, 0820-820-820, et KLM, 01-44-56-18-18.
Sur place. A vélo, moyen de transport privilégié. Location: environ 6 euros la journée.
MacBike, Marnixstraat 220, 620-09-85; Frederic Rent-a-Bike (on parle français), Brouwersgracht 78, 624-55-09. En tram: gare centrale et billetterie GVB, Stationsplein 15, 627-27-27. 17 lignes sillonnent la ville. En bateau: le Canal Bus relie la gare centrale au Rijksmuseum. Départ toutes les 30 minutes de la place de la gare. Voir aussi les bateaux-mouches au pied de Prins Hendrikkade (devant la gare centrale) et le long du Rokin (centre). 5-7 euros pour une balade d'une heure. Amsterdam Canal Cruise, 626-56-36.
Se loger
AUBERGES DE JEUNESSE AMSTERDAM
Au Pays-Bas, les hôtels sont chers. Les jolis hôtels typiques sont assez petits, aussi est-il préférable de réserver.
King Hotel. Salles de bains communes mais charme certain. Autour de 61 euros la chambre double. Leidselade 85-86, 624-96-03.
The Greenhouse Effect. Petit hôtel de caractère. Autour de 69 euros. Warmoesstraat 55, 624-49-74.
Hôtel Weichmann. Tout simple, près de l'hôtel où descendent les groupes de rock. A partir de 76 euros la double, Prinsengracht 328-330, 26-33-21.
Canal House . Deux maisons du XVIIe siècle, aménagées dans le style d'époque. Chambre double à partir de 97 euros, Keizersgracht 148, 622-51-82.
Hôtel Acacia. Très cosy. Appartements et studios également à louer dans les 3 maisons-bateaux amarrées devant. A partir de 76 euros. Lindengracht 251, 622-14-60.
Hôtel Ambassade. Du charme et du luxe, sur un quai de canal, dans trois maisons de maître. Style hollandais, meubles anciens, en plein centre d'Amsterdam. Au moins 152 euros la nuit. Herengracht 341, 26-23-33.
Se restaurer
Dans cette drôle de ville, on lunche sur le pouce, mais on dîne dès 18 heures. La cuisine est internationale. Difficile de trouver un restaurant proposant des plats typiques. Il est quasi impossible de trouver une table après 22 heures.
De Koophandel. Un café brun populaire plein à craquer à partir de 1 heure du matin. Bloemgracht 49, 623-98-43.
Café Chris . Vieux café brun. Bloemstraat 42, 624-59-42.
Café Karpershoek. Date de 1629! Martelaarsgracht 2, 624-78-86.
Goodies. Italien convivial. Huidenstraat 9, 625-61-22.
Griet Manshande. Cuisine de poissons et jolie terrasse. Keerpunt 10, 622-81-94.
De Jaren. Une ancienne banque devenue brasserie chic, sur deux niveaux, avec deux terrasses sur le canal. Très central. Nieuwe Doelenstraat 20-22, 625-57-71.
Nouveaux lieux
De Oceaan. Restaurant (fruits de mer et plats internationaux), sur l'île Bornéo. R.J.H. Fortuynplein 29, 419-00-20.
VandeMarkt. Fréquenté par les stylistes et les créateurs de mode, Schollenbrugstraat 8-9, 468-69-58.
La nuit
A la fermeture des cafés (2 heures le week-end), on peut continuer la nuit au Supperclub (Jonge Roelensteeg 21) et au Inez (Amstel 2, 639-28-99). A Westergasfabriek, une ancienne usine à gaz transformée en un énorme complexe culturel: danse, musique, théâtre, bars, discothèque. Haarlemmerweg 8-10, 681-30-68.
Acheter
Fifties-Sixties, occasions (Huidenstraat 13); De Kaaskamer, fromager (Runstraat 7); marché aux fleurs (Bloemdwarsstraat 21); Zipper, occasions (Huidenstraat 7); Le Kingi, salon de coiffure branché, à voir (Overtoom 245).
Lire
Amsterdam (Cartoville, Gallimard): nouveauté, avec des cartes, des adresses, des bons plans dans un format pratique pour 49 F (7 euros); Amsterdam (Guides Gallimard): remis à jour en avril 2001; Amsterdam et ses environs (Guide du routard, Hachette).
Office néerlandais du tourisme. 9, rue Scribe, 75009 Paris, 01-43-12-34-20.
Monnaie
euros.
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Pour appeler de France aux Pays-Bas, 00-31 + 20 pour Amsterdam, suivi du numéro du correspondant.
Voyager
En train. Le TGV Thalys relie Paris à Amsterdam (4 heures de trajet). Formule loisirs (billet non modifiable): environ 86 euros A/R en 2e classe. 08-36-35-35-36.
En voiture. Tout autoroute, 520 kilomètres environ de Paris.
En avion. A partir de 130 euros avec Air France, 0820-820-820, et KLM, 01-44-56-18-18.
Sur place. A vélo, moyen de transport privilégié. Location: environ 6 euros la journée.
MacBike, Marnixstraat 220, 620-09-85; Frederic Rent-a-Bike (on parle français), Brouwersgracht 78, 624-55-09. En tram: gare centrale et billetterie GVB, Stationsplein 15, 627-27-27. 17 lignes sillonnent la ville. En bateau: le Canal Bus relie la gare centrale au Rijksmuseum. Départ toutes les 30 minutes de la place de la gare. Voir aussi les bateaux-mouches au pied de Prins Hendrikkade (devant la gare centrale) et le long du Rokin (centre). 5-7 euros pour une balade d'une heure. Amsterdam Canal Cruise, 626-56-36.
Se loger
AUBERGES DE JEUNESSE AMSTERDAM
Au Pays-Bas, les hôtels sont chers. Les jolis hôtels typiques sont assez petits, aussi est-il préférable de réserver.
King Hotel. Salles de bains communes mais charme certain. Autour de 61 euros la chambre double. Leidselade 85-86, 624-96-03.
The Greenhouse Effect. Petit hôtel de caractère. Autour de 69 euros. Warmoesstraat 55, 624-49-74.
Hôtel Weichmann. Tout simple, près de l'hôtel où descendent les groupes de rock. A partir de 76 euros la double, Prinsengracht 328-330, 26-33-21.
Canal House . Deux maisons du XVIIe siècle, aménagées dans le style d'époque. Chambre double à partir de 97 euros, Keizersgracht 148, 622-51-82.
Hôtel Acacia. Très cosy. Appartements et studios également à louer dans les 3 maisons-bateaux amarrées devant. A partir de 76 euros. Lindengracht 251, 622-14-60.
Hôtel Ambassade. Du charme et du luxe, sur un quai de canal, dans trois maisons de maître. Style hollandais, meubles anciens, en plein centre d'Amsterdam. Au moins 152 euros la nuit. Herengracht 341, 26-23-33.
Se restaurer
Dans cette drôle de ville, on lunche sur le pouce, mais on dîne dès 18 heures. La cuisine est internationale. Difficile de trouver un restaurant proposant des plats typiques. Il est quasi impossible de trouver une table après 22 heures.
De Koophandel. Un café brun populaire plein à craquer à partir de 1 heure du matin. Bloemgracht 49, 623-98-43.
Café Chris . Vieux café brun. Bloemstraat 42, 624-59-42.
Café Karpershoek. Date de 1629! Martelaarsgracht 2, 624-78-86.
Goodies. Italien convivial. Huidenstraat 9, 625-61-22.
Griet Manshande. Cuisine de poissons et jolie terrasse. Keerpunt 10, 622-81-94.
De Jaren. Une ancienne banque devenue brasserie chic, sur deux niveaux, avec deux terrasses sur le canal. Très central. Nieuwe Doelenstraat 20-22, 625-57-71.
Nouveaux lieux
De Oceaan. Restaurant (fruits de mer et plats internationaux), sur l'île Bornéo. R.J.H. Fortuynplein 29, 419-00-20.
VandeMarkt. Fréquenté par les stylistes et les créateurs de mode, Schollenbrugstraat 8-9, 468-69-58.
La nuit
A la fermeture des cafés (2 heures le week-end), on peut continuer la nuit au Supperclub (Jonge Roelensteeg 21) et au Inez (Amstel 2, 639-28-99). A Westergasfabriek, une ancienne usine à gaz transformée en un énorme complexe culturel: danse, musique, théâtre, bars, discothèque. Haarlemmerweg 8-10, 681-30-68.
Acheter
Fifties-Sixties, occasions (Huidenstraat 13); De Kaaskamer, fromager (Runstraat 7); marché aux fleurs (Bloemdwarsstraat 21); Zipper, occasions (Huidenstraat 7); Le Kingi, salon de coiffure branché, à voir (Overtoom 245).
Lire
Amsterdam (Cartoville, Gallimard): nouveauté, avec des cartes, des adresses, des bons plans dans un format pratique pour 49 F (7 euros); Amsterdam (Guides Gallimard): remis à jour en avril 2001; Amsterdam et ses environs (Guide du routard, Hachette).
Les deux visages d'amsterdam
Galeries de design, cybercafés, projets d'urbanisme... Si elle garde la nostalgie des années 70, la ville de toutes les libertés a fait peau neuve et s'affirme désormais comme capitale branchée
La foule des hippies, en transit à Amsterdam dans les années 70, a laissé des traces. A cette époque, il fallait dix heures au Magic Bus, un camion déglingué qui reliait toutes les semaines Paris à Amsterdam, arrêts pour prendre les auto-stoppeurs et temps de réparation des pépins mécaniques compris. Tous les routards s'en souviennent. De ces années-là, la ville a conservé les attitudes et l'état d'esprit cool: elle regorge de souvenirs et de témoignages repris par les actuels faiseurs de mode européens et qui se vendent très cher dans les boutiques branchées. Autant d'objets, lunettes, bijoux pop art, lampes psychédéliques (à huile ou à fibre optique), tissus indiens, meubles en plastique, en Plexiglas ou chromés, vêtements griffés Paco Rabanne et Courrèges, photos, vinyles de Janis Joplin, Patty Smith, Bob Dylan... On déniche des affiches originales de films (Easy Rider) et de concerts (Woodstock) dans toutes les boutiques du quartier Jordaan et au marché aux puces de Waterlooplein, où s'installent aussi les particuliers, au gré de leurs envies. Les fashion victims et les chineurs européens n'ont qu'une seule bible: De Original Funshopping Gids Amsterdam Y2K, un guide alternatif, bourré de bons plans et des meilleures adresses de la ville. Se le procurer chez les marchands de journaux dès son arrivée.
Amsterdam, 7 heures du matin. Sous un pont, un pêcheur taquine le poisson dans le grand canal et dialogue avec un héron, posé sur une patte. Il sait qu'au fil des canaux et jusqu'en plein centre-ville on peut aussi dénicher des cygnes, des foulques ou des grèbes huppés. Au large, freiné par le vent de la mer du Nord, un rameur sur son kayak, coiffé d'une couronne orange en plastique gonflable, tente de rejoindre la rive jalonnée de maisons à pignon du XVIIe siècle, où des filles tatouées en bas résille tiennent un stand de fringues, inspirées du quartier de la prostitution, le Red Light District (le quartier rouge). Il paraît qu'il est recommandé d'adopter ce look guêpières et porte-jarretelles en PVC pour les soirées données dans l'ancienne usine à gaz, Westergasfabriek, la Mecque du hardcore.
Ainsi est Amsterdam, une capitale pas comme les autres. Liberté et tolérance y sont de rigueur. Cette ville a adopté tous les étrangers, toutes les religions, toutes les bizarreries, toutes les modes. Elle a aussi digéré tous les squats beatniks, hippies et punk. C'est un lieu toujours planant pour les jeunes, les homosexuels (20% de la population) et les nostalgiques des années babas cool. Figé dans les seventies, le temps n'y a plus d'importance. La qualité de vie prime. Rollers et vélos roulent de front et, sous les pavés, les jardins fleurissent, encouragés par la municipalité. Le long des canaux, le moindre espace flottant, métamorphosé en demeure de charme, rappelle invariablement Sausalito, le quartier sur l'eau de San Francisco.
Au fond des péniches-coffee-shops, pourvoyeuses de flyers (invitation à des fêtes ou des concerts), sommeillent des clones de Jim Morrison, devant leur café et leurs 5 grammes de nederwiet dérivé du cannabis. Ce produit de qualité, autorisé à la vente, est cultivé sous serre, où il peut donner jusqu'à cinq récoltes par an.
Sur les pontons des péniches-apparts, squattées depuis leur abandon par les mariniers dans les années 50, les chats ronronnent en plein soleil entre les pots de géraniums, les nains de jardin et les cultures confidentielles, entretenues par une flottille de marins d'eau douce, grands dévoreurs de harengs, d'anguilles fumées et d'oignons crus. Ceux-là sont restés fidèles aux derniers vestiges des cafés bruns des années psychédéliques d'où s'échappent les effluves de tacos ou de burgers, qui nourrissent désormais les yankees d'Amsterdam.
Bouge à la Eugène Sue
Ces lieux font fuir les habitués de l'éternel morceau d'Edam, arrosé de genièvre, pris sur des comptoirs en bois exotique, lustrés par la marine internationale. Comme chez De Koophandel, pour n'en citer qu'un parmi d'autres: ce «brun», au plafond couleur nicotine, est devenu la cantine des artistes et des stylistes. Un vrai bouge à la Eugène Sue, avec du sable sur le plancher, comme au XVIIe siècle, où l'odeur du cuir se mêle à celle de la bière.
Par réaction contre ces bistrots jugés poussiéreux, une mouvance cybernaute a créé une multitude de lieux décalés, design et clean, installés dans d'anciens ateliers de diamantaires du centre-ville ou dans des entrepôts séculaires, du côté du quai Oosteljik Havengebied où étaient échouées des barques vermoulues. Dans ce port désaffecté, les marins ne chantent plus depuis cinquante ans, mais les sirènes des bateaux mugissent au loin, donnant encore l'illusion d'une activité portuaire.
L'habitat est confronté au même phénomène. Avides de grands espaces lumineux, aérés et surtout meilleur marché, les jeunes couples ont tendance à délaisser les maisons de poupée du Siècle d'or, aux escaliers raides, aux pièces étroites et sombres, au charme indiscutable, mais peu adaptées à la vie actuelle. Tout comme Spaarndam, quartier conçu par les architectes de l'école d'Amsterdam (1910-1930), où luxe et souci du détail agrémentent d'énormes blocs de briques surmontés de tours rondes ou en forme de fusée, de fenêtres à petits carreaux, de portes ogivales, de vitraux et de sculptures délirantes en fer forgé. Pour satisfaire ses yuppies, ses créateurs et ses designers, Amsterdam fait donc peau neuve et s'agrandit. Derrière la gare centrale zigzaguent de nouveaux quartiers sur les bords de la rivière IJ, propice aux échappées fluviales, loisir prisé à Amsterdam. Les Pays-Bas comptent d'ailleurs plus de bateaux privés par tête d'habitant qu'aucun autre pays. Dans ce monde futuriste, les galeries de design poussent comme des champignons, surtout depuis la construction de l'Amsterdam Passenger Terminal, destiné aux navires de croisière, qui draine une clientèle internationale. Un pont reliera les îles de Java, KNSM et Bornéo, déjà flanquées d'immeubles de verre et d'acier réalisés par des architectes du monde entier, mais ne tutoyant pas encore les nuages...
Coup d'envoi des lieux branchés: le Vakzuid, aménagé sous les tribunes du stade olympique. On dîne face aux baies vitrées donnant directement sur les starting-blocks, au plus près des athlètes. La meilleure table «méditerranéenne» de la ville, le VandeMarkt, au décor très minimaliste, borde la rivière Amstel, qui a donné son nom à la ville (Amstel dam: digue de l'Amstel). Il est suivi de près par le De Oceaan, sur l'île Bornéo. Le Supperclub, où les serveurs, debout sur le comptoir, passent les plats aux clients inaccessibles de la mezzanine, allongés comme des pachas sur les coussins blancs, est déjà victime de son succès.
Et les urbanistes, qui hésitaient depuis au moins vingt ans, semblent décidés: le quartier de IJburg, composé de cinq îles artificielles, doit voir le jour. Il sera doté de plages et de maisons d'architecte sur pilotis. Mais, quoi qu'elle fasse, Amsterdam restera la seule capitale européenne où flotte un sacré parfum de ville heureuse et où l'on peut pêcher la sardine sous les fenêtres de son appartement.
La foule des hippies, en transit à Amsterdam dans les années 70, a laissé des traces. A cette époque, il fallait dix heures au Magic Bus, un camion déglingué qui reliait toutes les semaines Paris à Amsterdam, arrêts pour prendre les auto-stoppeurs et temps de réparation des pépins mécaniques compris. Tous les routards s'en souviennent. De ces années-là, la ville a conservé les attitudes et l'état d'esprit cool: elle regorge de souvenirs et de témoignages repris par les actuels faiseurs de mode européens et qui se vendent très cher dans les boutiques branchées. Autant d'objets, lunettes, bijoux pop art, lampes psychédéliques (à huile ou à fibre optique), tissus indiens, meubles en plastique, en Plexiglas ou chromés, vêtements griffés Paco Rabanne et Courrèges, photos, vinyles de Janis Joplin, Patty Smith, Bob Dylan... On déniche des affiches originales de films (Easy Rider) et de concerts (Woodstock) dans toutes les boutiques du quartier Jordaan et au marché aux puces de Waterlooplein, où s'installent aussi les particuliers, au gré de leurs envies. Les fashion victims et les chineurs européens n'ont qu'une seule bible: De Original Funshopping Gids Amsterdam Y2K, un guide alternatif, bourré de bons plans et des meilleures adresses de la ville. Se le procurer chez les marchands de journaux dès son arrivée.
Amsterdam, 7 heures du matin. Sous un pont, un pêcheur taquine le poisson dans le grand canal et dialogue avec un héron, posé sur une patte. Il sait qu'au fil des canaux et jusqu'en plein centre-ville on peut aussi dénicher des cygnes, des foulques ou des grèbes huppés. Au large, freiné par le vent de la mer du Nord, un rameur sur son kayak, coiffé d'une couronne orange en plastique gonflable, tente de rejoindre la rive jalonnée de maisons à pignon du XVIIe siècle, où des filles tatouées en bas résille tiennent un stand de fringues, inspirées du quartier de la prostitution, le Red Light District (le quartier rouge). Il paraît qu'il est recommandé d'adopter ce look guêpières et porte-jarretelles en PVC pour les soirées données dans l'ancienne usine à gaz, Westergasfabriek, la Mecque du hardcore.
Ainsi est Amsterdam, une capitale pas comme les autres. Liberté et tolérance y sont de rigueur. Cette ville a adopté tous les étrangers, toutes les religions, toutes les bizarreries, toutes les modes. Elle a aussi digéré tous les squats beatniks, hippies et punk. C'est un lieu toujours planant pour les jeunes, les homosexuels (20% de la population) et les nostalgiques des années babas cool. Figé dans les seventies, le temps n'y a plus d'importance. La qualité de vie prime. Rollers et vélos roulent de front et, sous les pavés, les jardins fleurissent, encouragés par la municipalité. Le long des canaux, le moindre espace flottant, métamorphosé en demeure de charme, rappelle invariablement Sausalito, le quartier sur l'eau de San Francisco.
Au fond des péniches-coffee-shops, pourvoyeuses de flyers (invitation à des fêtes ou des concerts), sommeillent des clones de Jim Morrison, devant leur café et leurs 5 grammes de nederwiet dérivé du cannabis. Ce produit de qualité, autorisé à la vente, est cultivé sous serre, où il peut donner jusqu'à cinq récoltes par an.
Sur les pontons des péniches-apparts, squattées depuis leur abandon par les mariniers dans les années 50, les chats ronronnent en plein soleil entre les pots de géraniums, les nains de jardin et les cultures confidentielles, entretenues par une flottille de marins d'eau douce, grands dévoreurs de harengs, d'anguilles fumées et d'oignons crus. Ceux-là sont restés fidèles aux derniers vestiges des cafés bruns des années psychédéliques d'où s'échappent les effluves de tacos ou de burgers, qui nourrissent désormais les yankees d'Amsterdam.
Bouge à la Eugène Sue
Ces lieux font fuir les habitués de l'éternel morceau d'Edam, arrosé de genièvre, pris sur des comptoirs en bois exotique, lustrés par la marine internationale. Comme chez De Koophandel, pour n'en citer qu'un parmi d'autres: ce «brun», au plafond couleur nicotine, est devenu la cantine des artistes et des stylistes. Un vrai bouge à la Eugène Sue, avec du sable sur le plancher, comme au XVIIe siècle, où l'odeur du cuir se mêle à celle de la bière.
Par réaction contre ces bistrots jugés poussiéreux, une mouvance cybernaute a créé une multitude de lieux décalés, design et clean, installés dans d'anciens ateliers de diamantaires du centre-ville ou dans des entrepôts séculaires, du côté du quai Oosteljik Havengebied où étaient échouées des barques vermoulues. Dans ce port désaffecté, les marins ne chantent plus depuis cinquante ans, mais les sirènes des bateaux mugissent au loin, donnant encore l'illusion d'une activité portuaire.
L'habitat est confronté au même phénomène. Avides de grands espaces lumineux, aérés et surtout meilleur marché, les jeunes couples ont tendance à délaisser les maisons de poupée du Siècle d'or, aux escaliers raides, aux pièces étroites et sombres, au charme indiscutable, mais peu adaptées à la vie actuelle. Tout comme Spaarndam, quartier conçu par les architectes de l'école d'Amsterdam (1910-1930), où luxe et souci du détail agrémentent d'énormes blocs de briques surmontés de tours rondes ou en forme de fusée, de fenêtres à petits carreaux, de portes ogivales, de vitraux et de sculptures délirantes en fer forgé. Pour satisfaire ses yuppies, ses créateurs et ses designers, Amsterdam fait donc peau neuve et s'agrandit. Derrière la gare centrale zigzaguent de nouveaux quartiers sur les bords de la rivière IJ, propice aux échappées fluviales, loisir prisé à Amsterdam. Les Pays-Bas comptent d'ailleurs plus de bateaux privés par tête d'habitant qu'aucun autre pays. Dans ce monde futuriste, les galeries de design poussent comme des champignons, surtout depuis la construction de l'Amsterdam Passenger Terminal, destiné aux navires de croisière, qui draine une clientèle internationale. Un pont reliera les îles de Java, KNSM et Bornéo, déjà flanquées d'immeubles de verre et d'acier réalisés par des architectes du monde entier, mais ne tutoyant pas encore les nuages...
Coup d'envoi des lieux branchés: le Vakzuid, aménagé sous les tribunes du stade olympique. On dîne face aux baies vitrées donnant directement sur les starting-blocks, au plus près des athlètes. La meilleure table «méditerranéenne» de la ville, le VandeMarkt, au décor très minimaliste, borde la rivière Amstel, qui a donné son nom à la ville (Amstel dam: digue de l'Amstel). Il est suivi de près par le De Oceaan, sur l'île Bornéo. Le Supperclub, où les serveurs, debout sur le comptoir, passent les plats aux clients inaccessibles de la mezzanine, allongés comme des pachas sur les coussins blancs, est déjà victime de son succès.
Et les urbanistes, qui hésitaient depuis au moins vingt ans, semblent décidés: le quartier de IJburg, composé de cinq îles artificielles, doit voir le jour. Il sera doté de plages et de maisons d'architecte sur pilotis. Mais, quoi qu'elle fasse, Amsterdam restera la seule capitale européenne où flotte un sacré parfum de ville heureuse et où l'on peut pêcher la sardine sous les fenêtres de son appartement.