ils sont si nombreux qu'en les voyant, à l'aube du xixe siècle, Alexandre de Humboldt baptisa cette longue suite de dômes et de pics émergeant de la plaine l'« allée des volcans ». Aujourd'hui encore, plus de trente géants, dont neuf en activité, veillent sur l'Équateur. Somptueuse chaîne tissée d'eau, d'arbres et de cimes enneigées, avec des lacs lovés dans les creux de la pierre, comme la laguna Cuicocha (3100 m) ou le Quilitoa (3800 m), dont le cratère forme désormais un superbe miroir aux eaux turquoise.
Autour de Quito, les volcans semblent se regarder entre eux, offrant chacun son point de vue sur les autres vedettes de la fameuse allée. Pour les amateurs d'escalade, c'est un haut lieu de l'« andinisme ». Mais attention : l'altitude est élevée et si, la plupart du temps, les chemins ne présentent pas de grandes difficultés techniques, il faut craindre le soroche, le mal des montagnes. Mieux vaut donc grimper progressivement. Parfaite entrée en matière, l'ascension du Fuya-Fuya (4263 m) part d'un lac. Le chemin, bien que tracé en
ligne droite, présente en effet un dénivelé assez faible : 500 m. Ensuite, en partant d'un gros refuge jaune situé à 3700 m d'altitude, on peut enchaîner avec la montée au Guagua Pichincha (4800 m). Lui aussi domine Quito, lui aussi est encore actif et son sommet s'orne parfois de fumerolles à l'odeur de soufre. Par beau temps, la vue s'étend sur toute la vallée.
L'acclimatation pourra se poursuivre avec l'ascension de l'un des pics jumeaux des Ilinizas, Nord et Sud (5126 m). Le périple commence par une marche jusqu'au refuge, situé à 4 000 m d'altitude, entre les deux montagnes. Puis on attaque l'un des deux pics. L'Iliniza Nord, hérissé de noirs pitons de lave, est coiffé d'un impressionnant cratère au fond duquel repose un petit lac. Au loin, majestueux, presque écrasant, se dresse le but ultime du voyage : le Cotopaxi.
Ce dôme qui domine Quito, le plus haut volcan en activité du monde, s'élève à 5940 m. Dans sa calotte blanche s'ouvre une sorte d'oeil rouge, vaste zone ronde qu'a déserté la glace. À ses pieds s'étendent les hautes terres désertiques du paramo andin. La dernière éruption du Cotopaxi, en 1882, a détruit une bonne partie de la ville de Latacunga. Le volcan s'est légèrement ébroué en 1975 et, en 1987, une coulée de boue a endommagé l'oléoduc qui achemine le pétrole vers la cote. Du refuge, à 4800 m, on part à la conquête du géant à une heure du matin, pour atteindre son sommet avant que le soleil n'entaille les glaces et ne crée de nouvelles crevasses. Au fil de la montée, le paysage se dévoile, somptueux : tout le parc naturel du Cotopaxi apparaît, avec en face les Ilinizas.
Il est d'autres volcans : le Chimborazo, le plus haut sommet des Andes (6310 m), dont la montée est longue et pénible. Au-dessus de la ville touristique de Banos gronde toujours le Turungaha, aujourd'hui interdit de montée. En 1999, il s'est mis en colère, et les habitants ont dû évacuer la ville. Par temps clair, on peut le voir, rougeoyant, souffler vers le ciel.