C'est pourtant l'intitulé du petit dépliant édité par l'office du tourisme de Budapest (les Hongrois prononcent «Boudapecht»). Il s'inscrit en lettres blanches sur une couverture rouge, tel un tapis prêt à se dérouler sous les pas du visiteur. Ce «boulevard» est un itinéraire de découverte. Il forme une diagonale quasiment parfaite où les étapes essentielles, monuments, musées, théâtres... se succèdent. Bonne idée pour un premier séjour, car la ville est immense, divisée en vingt-trois arrondissements étalés sur 525 km². Cinq fois Paris intra-muros, pour un nombre d'habitants similaire d'environ deux millions.
Le Danube, fleuve empereur austro-hongrois, traverse Budapest. Neuf ponts l'enjambent. La promenade emprunte évidemment le plus historique, le pont des Chaînes. Il fut le premier à relier Buda (rive droite, à l'ouest) et Pest, à une époque, pas si lointaine, 1867, où les deux villes vivaient encore séparées. En 1873, elles ne feront officiellement plus qu'une. Mais resteront toujours différentes: Buda, ensemble de collines résidentielles; Pest, plate comme la main, commerçante, animée, affairée.
Budapest surprend par son architecture imposante et majestueuse. Impériale. Héritée d'une Autriche-Hongrie à son apogée. Car tout ou presque date du XIXe siècle et du début du XXe.
Ni tortueuses ruelles médiévales donc, ni tours futuristes non plus. On baguenaude dans de larges artères bordées d'immeubles savamment travaillés, bardés de statues, de coupoles, de frontons, de colonnes... Et quand le style n'est pas «néo» – néo-roman, gothique, renaissance, classique, baroque... –, c'est qu'il est «Art nouveau hongrois». Appelé aussi «sécessionniste», celui-là se reconnaît à ses volutes de pierre et à ses dentelles de fer forgé, à ses entrelacs de f leurs et d'oiseaux et, surtout, à ses toitures chatoyantes aux tuiles vernissées, vert, jaune, bleu. Il arrive aussi que plusieurs genres se conjuguent. Cela s'appelle «éclectisme».
La capitale hongroise est en pleine restauration depuis une dizaine d'années. La plupart des monuments historiques et bâtiments officiels ont été toilettés. Mais le ravalement des habitations est loin d'être achevé. Aussi, quand une façade délicieusement crème, pistache, saumon ou «jaune Marie-Thérèse» (superbe ton jaune d'œuf typique du règne de la grande impératrice) jaillit entre deux immeubles noircis, on imagine avec ravissement le Budapest d'antan et la mine resplendissante que la ville aura retrouvé dans dix ou vingt ans.
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Façade verte et cosy salon de thé, Ruszwurm est, à deux pas de là, la meilleure pâtisserie de la ville, depuis un bon siècle et demi: strudle (pomme-cannelle, griottes, fromage blanc, pavots) et linzer (pâte feuilletée fourrée à la confiture) pour spécialités, à moins d'un euro l'unité. Les gâteaux, on l'aura deviné, sont le péché mignon des Hongrois.
C'est à Buda, en l'église Mathias néogothique, que, le 8 juin 1867, François-Joseph et Sissi sont couronnés roi et reine de Hongrie. Elle sera adorée, il sera haï. Elisabeth a une place, un boulevard, un pont à son nom. Alors que le dernier empereur Habsbourg a, lui, totalement disparu de la circulation (même le pont François-Joseph, qu'il avait inauguré en 1896, a été débaptisé!).
Un funiculaire croquignolet redescend de la colline. Mais avant de monter dans l'un des wagonnets de bois vernis, un arrêt sur image s'impose. Le sommet de Buda offre, en effet, la plus belle vue sur le Parlement (à Pest). Ce grand édifice est une merveille d'éclectisme. Il se reflète dans le Danube, comme Westminster dans la Tamise londonienne et le palais des Doges dans le Grand Canal vénitien, auxquels il ressemble d'ailleurs étrangement.
A Pest, la coupole de la cathédrale servira de halte panoramique, vue sur la ville à 360° et accès, c'est nouveau, par un ascenseur. L'intérieur de cette basilique dédiée à Saint-Etienne (patron de la Hongrie) rutile de marbre et d'or. Achevée en 2002, sa restauration aura duré vingt ans. Enfin, emprunter l'avenue Andrassy. La principale artère de Budapest conduit jusqu'au terminus de la promenade: la monumentale place des Héros, dessinée en 1896 pour le millénaire de la Hongrie, et le Bois de ville. Cet espace vert très citadin regroupe des thermes (les fameux bains Széchenyi), un restaurant gastronomique (le Gundel), un cirque, un zoo, un «lunapark», un lac d'été, une patinoire d'hiver. S'y trouvent aussi de mémorables souvenirs des fastes du millénaire, tel cet incroyable château de Transylvanie, tout de tourelles et clochetons, devenu le musée de l'Agriculture.
Mais revenons avenue Andrassy. Elle porte le nom du plus célèbre homme politique hongrois, comte de son état, premier ministre sous François-Joseph. Et grand ami de Sissi. Ne dit-on pas qu'il la rejoignait dans sa loge à l'opéra, un théâtre que l'empereur d'Autriche détestait parce qu'il était, dit-on également, plus beau que l'opéra de Vienne. Principale escale culturelle de l'avenue, le bâtiment, rénové, se visite tous les jours à 15 heures et 16 heures Quarante-cinq minutes de commentaires (en français), les pieds emmaillotés de plastique bleu pour préserver les mosaïques, les tapis anciens et les précieux parquets marquettés. On croirait presque entendre glisser le froufrou des crinolines.
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