Vous aimez l'archéologie antique. Vous rêvez de plonger dans le ventre de l'Empire romain. Mais Pompéi ne vous convainc guère. Pompéi : cette ville de province trop piétinée depuis trois cents ans... Or il existe à quelques kilomètres de Pompéi une authentique ville romaine longtemps ensevelie, un bijou d'archéologie patiemment remis au jour depuis 1993 : le Rione Terra de Putéoles. Au coeur des champs Phlégréens, sur un promontoire à 33 mètres au-dessus du niveau de la mer. Date de naissance : 194 avant J.-C. Etat actuel : c'est une colonie romaine parfaitement conservée et toujours souterraine - un charme de plus ! -, que l'on peut visiter le week-end.
L'occasion pour aller la voir ? C'est la Région Campanie qui vous l'offre. En commençant par l'émouvant pèlerinage dans la ville endormie, avec ses voies pavées, ses rues piétonnes, ses égouts, ses magasins, dont une boulangerie avec meules, ses cuisines où trône encore la table de travail en tuf, son temple avec fresques et... son lupanar. Extraordinaire lupanar, avec des chambres de 1,80 mètre sur 1,50 : un simple lit creusé dans la roche et un urinoir. Et, juste à côté, des cellules encore plus étroites, toujours munies d'un urinoir. Hypothèse : elles servaient à faire l'amour debout pour les gens pressés ? Costanza , qui dirige les fouilles , ne s'aventure pas jusque-là. Elle préfère mettre l'accent sur ce qu'elle appelle un «nouvel art de faire de l'histoire en s'amusant» : une opération qu'offre sa région au touriste cultivé.
Toute renaissance archéologique s'accompagne d'une résurrection gastronomique et hôtelière. Dans cette bande de terre volcanique que sont les champs Phlégréens avec leurs paysages labourés par les tremblements de terre, les éruptions et le bradyséisme, il sera donc facile non seulement de renouer avec les héros de Virgile et Homère, mais aussi de savourer une nouvelle qualité d'accueil touristique et gastronomique. Avec Batis, par exemple. Batis est une aventure dans l'aventure, l'oeuvre d'une coopérative de jeunes. Elle a ressuscité en bordure du Parc archéologique de Baia, qui abrite les thermes, une maison d'agritourisme qui utilise des pierres de lave et autres matières premières locales. Les chambres ouvrent pour la plupart sur le Parc. Un sentier conduit au sommet d'une colline où trône une villa romaine. On dîne dans des caves en tuf, près de la citerne d'eau potable. On déjeune sur la terrasse qui entre carrément dans le maquis méditerranéen. Et on déguste les spécialités locales, à base d'espadon et de crustacés, accompagnés de pizza bianca calda, tout en sirotant une bouteille de falanghina blanc des champs Phlégréens.
Tous ces lieux tiennent dans un mouchoir de poche : Rione Terra, thermes, parc archéologique et hôtel sont à 10 minutes en voiture de parking à parking. Et même Putéoles, abandonnée dans les années 1980 par ses habitants en raison des secousses dues au bradyséisme, s'est inventée une nouvelle « movida » le long de la mer : essentiellement des restaurants de poisson. Cicéron disait : «Putéoles, la petite Rome.» La voici à portée de la main
Pratique
Y aller
Paris-Naples aller-retour à partir de 156 euros sur Easy Jet, www.easyjet.com, Baia est à 45 minutes par la route de l'aéroport de Naples.
Sur place, pension complète. (Plus 3 euros pour la visite du Rione Terra). Rés. 00-39-08-15-26-66-39,
Visite en individuel, samedi et dimanche, sur réservation, 00-39-08-17-41-00-67.