D'autant que les instituts développent de plus en plus de
techniques originales.
Hydrothérapie, luminothérapie, fasciathérapie ou médecine orientale sont ainsi les nouvelles méthodes employées.
Navigation au fil des siècles, entre l'Histoire et les eaux cristallines Les odeurs de pins et de thym l'emportent sur les senteurs marines. Les bourdonnements et crissements d'insectes assommés de chaleur couvrent les murmures du clapotis. Des pentes boisées couronnées de forteresses stoppent le regard. Car le caïque, bateau ventru en bois vernis surmonté de voiles gréés en ketch qu'on ne hisse jamais, ne s'éloigne guère des côtes.
On glisse de criques sauvages aux eaux cristallines en baies sableuses parsemées de ruines antiques. Le rythme des journées est invariable, comme la course du soleil dans le ciel définitivement bleu. Bain de soleil, lecture ou contemplation de la mer azuréenne, plongées dans une eau douce comme de l'huile, pêche à la traîne d'où l'on remonte des petits thons (ils nourrissent facilement une tablée de huit) qui complètent les habituels festins de feta, boulettes de viandes aux épices, gratins de poivrons, gâteaux aux amandes préparés par le mécanicien-cuisinier-garçon de cabine.
Si d'aventure, le meltem se lève, ce vent capricieux qui balaie la mer Egée, on se réfugie prudemment dans une calanque. En attendant qu'il épuise ses forces, le capitaine invite à jouer aux dés ou aux cartes la tournée de raki du soir. L'aventure commence lors des incursions dans les anciennes cités côtières où se développa l'une des civilisations les plus énigmatiques et les plus originales de l'Anatolie antique.
Deux siècles avant Jésus-Christ le peuple lycien, aux origines incertaines, y édifia vingt-trois villes unies en confédération pour se défendre de l'ennemi. Difficilement accessibles par voie terrestre, elles sont aujourd'hui ouvertes aux navigateurs en herbe qui les découvrent entre deux plongeons. Phaselis, la première de ces escales (à une trentaine de miles d'Antalya où l'on embarque), si séduisante qu'elle réussit à retenir Alexandre et son armée pendant un hiver entier, est une presqu'île ombragée de pins et d'oliviers sous lesquels on devine des morceaux de chapiteaux corinthiens éparpillés ou des vestiges d'aqueduc. Dans les broussailles se cache un théâtre. Sur l'avenue de pierre usée par les chariots de l'Antiquité affectés au chargement des bateaux, un paysan croise un couple d'amoureux.
Grâce de l'instant. Grâce renouvelée à chaque halte. Xanthos où furent trouvés les reliefs du monument des Néréides (Ve siècle avant Jésus-Christ) en partie reconstruit au... British Museum de Londres. Une mission archéologique française s'attache depuis 1950 à mettre un peu d'ordre dans cette cité où s'empilent des pierres de toutes les époques.
Sur une butte mangée de soleil, acropole, tombes lyciennes, arcs et thermes romains, basilique et résidences byzantines composent un savant chaos. De Finike, escale utilitaire pour faire le plein de diesel, il suffit d'une demi-heure de taxi brinquebalant pour rejoindre Arykanda, lovée dans le giron d'une montagne plantée de pins. Suivre le gardien solitaire pour aller de terrasse en terrasse jusqu'au théâtre qui domine la vallée. Avec des mots approximatifs emprunts de tendresse pour ces lieux abandonnés, il ressuscite " sa " ville : la vapeur des grands bains, la sueur du gymnase, la foule du stade, les voix de l'Odéon autrefois tapissé de marbre polychrome.
De Myra, emporté par des fleuves de boue au VIe siècle, il ne reste que le théâtre et les prodigieux tombeaux lyciens accrochés aux falaises. Sortes de palais funéraires aux porches ouvragés empilés les uns sur les autres qui offrent à leurs morts une vue imprenable sur le monde d'ici-bas. Arrivé à l'île de Kekova, on navigue au-dessus d'une ville engloutie, dont on devine les frontons en se penchant au bastingage.
Au large de Teimiusa, on nage entre des sarcophages que les tremblements de terre ont poussés à l'eau comme de vulgaires barques. A Simena, charmant village d'opérette dominé par une citadelle moyenâgeuse, enfants et femmes en pantalons bouffants adossés à des murs millénaires proposent des bijoux de pacotilles. On revient de ces expéditions gorgé de découvertes, mort de soif et rouge de soleil, en n'ayant qu'une seule envie : rejoindre sans tarder dans cette mer si douce. Ce qui, ici, reste la meilleure façon de plonger dans l'Antiquité.