Des offres alléchantes
Chacun compose évidemment avec ses sentiments. Qui redoute épidémie, attentats et autres comportements agressifs passera sans doute son chemin. Mais qui veut bien relativiser ces dangers, reverra peut-être sa position. Après tout, Paris connaît aussi la violence, les troubles politiques existent aussi chez nous... Reste que la Turquie dispose d'un très large éventail d'offres touristiques : séjour en hôtel-club ou hôtel de charme, croisière chic à bord d'un caïque,auberges de jeunesse, escapade à Istanbul, séjour golf au bord de l'eau, randonnée en Cappadoce, visite de sites archéologiques... Crise oblige, les tour-opérateurs ont donc dopé la séduction à coup de promos : enfants accueillis gratuitement ou à moitié prix, semaine de séjour sur la plage offerte pour tout circuit payé, principe du client gratuit pour un client payant... A l'heure actuelle, la semaine de vacances pour deux se négocie forcément en dessous des 1 200 Euro tout compris. C'est tentant.
Les deux ténors français du voyage en Turquie, Pacha Tours (70 000 clients en 2005) et Marmara (200 000) proposent ces offres pour assurer un minimum de clientèle. Ces mesures suffiront-elles ? Réponse fin Aout : si de nouvelles promotions sont affichées en agences de voyages, c'est que le remède aura manqué d'efficacité. Si les séjours à Bodrum, Izmir et Antalya repassent la barre des 600 Euro par personne, c'est que la crise aura été correctement gérée.
D'ores et déjà pourtant, chaque enseigne admet un été fichu et réfléchit aux lendemains qui chantent. Un directeur de Marmara a dit: « Nous avons supprimé presque un tiers de nos vols, retardé l'ouverture de plusieurs hôtels et lancé des prix spéciaux à destination des familles, ainsi que des promotions. Il faut maintenir l'activité. Ensuite, nous restaurerons les prix normaux. » A voir... Le risque, c'est que ces tarifs promotionnels s'inscrivent dans l'esprit des consommateurs comme une règle absolue, de type « une semaine en Turquie = 500 Euro ». Difficile ensuite de modifier cette croyance. Marrakech, l'Égypte et la République dominicaine en ont fait la douloureuse expérience... Une promotion valable un mois peut coûter des années de patience, avant que les forfaits soient réévalués. Pour éviter cela, ce directeur pense « restaurer les tarifs le plus rapidement possible, en les dopant par des offres dynamiques telles que le golf ou la thalassothérapie ». Quant au directeur de Pacha Tours, il milite pour « une campagne de communication qui mettra en avant des produits innovants de type golf, spas, goélettes, maisons ottomanes, ou qui fera la promotion de la modernité turque à travers la Formule 1, les régates, les défilés de mode, les festivals de cinéma... » Une politique optimiste, qui dépendra d'abord des résultats de l'été, vendu à prix canon.