Ce sport est une obsession nationale. Rien ne la modère, même pas la peur des requins. Et si les as de la planche ne fréquentent guère la proximité des estuaires du nord, ce n’est pas qu’ils redoutent les énormes crocodiles de mer qui y rôdent, mais parce qu’il n’y pas assez de vagues ! On peut surfer un peu partout en Australie, en particulier sur les côtes est, sud et ouest toute l’année. Quelques réserves quand même pour le nord de la Nouvelle-Galles du Sud ainsi qu’au nord du Queensland, où les stingers (des méduses dont les piqûres peuvent être mortelles) sévissent de novembre à mars. Sur la côte sud, les grands requins blancs « mangeurs d’hommes » peuvent rendre (bien que rarement) les eaux d’Australie méridionale, ainsi que certaines plages d’Australie occidentale, dangereuses. Mais les spots les plus réputés pour pratiquer le surf sont ceux de la bien nommée « Surf Coast » de l’Etat de Victoria, à l’ouest de Melbourne, sa capitale. Elle est longée par la spectaculaire Great Ocean Road (la route du grand océan) sur 280 km, entre Torquay (qu’on appelle Surfcity) et Warrnambool. C’est par exemple ici, à Bells Beach, que se déroulent chaque année les Championnats masculins de surf professionnel, le Rip Curl Pro, ainsi que celui réservé aux femmes, la Sun Smart Classic, sans oublier la seconde manche des Internationaux d’Australie.
A Pâques, lors d’un festival du surf qui dure une dizaine de jours, les meilleurs spécialistes de la planète débarquent à Bells Beach pour s’attaquer à des rouleaux géants qui atteignent fréquemment les cinq mètres de hauteur. Des murs d’eau. Les cinéphiles apprécieront puisque c’est à Bells Beach que Patrick Swayze choisit de chevaucher sa dernière vague, celle qui lui sera fatale, plutôt que de se rendre à l’agent du FBI joué par Keanu Reeves dans le film Point Break de Kathryn Bigelow.
Les vagues ne sont pas taillées pour les débutants
Mais attention, avec sa houle redoutable et son chenal étroit, Bells Beach n’offre pas de vagues taillées pour les débutants. Pour apprendre à surfer ou pour s’entraîner, nombre de pratiquants plus ordinaires préfèrent les plages surveillées de Torquay, Anglesea ou Jan Luc. L’excellente école de Torquay, la West Coast Surf School propose des cours en compagnie d’un(e) moniteur(trice). Il est indispensable d’en prendre. L’école fournissant la planche et la combinaison, vous n’avez besoin que de votre maillot de bain et d’une serviette de plage. Mais une bonne forme physique est quand même requise.
Simple à raconter pour un as de la pratique. Beaucoup plus problématique à réaliser avant plusieurs jours de tentatives assidues. C’est aussi cela intégrer la culture australienne, plongeons mémorables et frissons inoubliables compris.
Torquay, le berceau des grandes marques d’équipement et vêtements que sont Rip Curl, Billabong ou Quicksilver, abrite également un joli musée du surf (Surfworld), qui mérite la visite.
Outre les surfeurs, la « Route du grand océan » ravit tout autant les simples vacanciers. Les haltes de charme abondent dans chacune des stations de la côte. Ne pas résister à la spécialité gastronomique locale, le homard... La commence à Anglesea dont le parcours de golf est réputé. On rejoint ensuite la très chic station balnéaire de Lorne, puis Warrnambool qui, chaque année entre mai et septembre, est visitée par les baleines. Détout conseillé par les charmants villages de pêcheurs de Port Campbell et Port Fairy dont les pubs colorés rappellent la contribution irlandaise à l’histoire de l’Australie. La côte y est sauvage et la mer souvent rude... la région est appelée The Shipwreck Coast, la côte des naufrages : près de 700 navires se sont abîmés dans ce cimetière marin...
La côte est sauvage, la mer souvent rude
La route traverse aussi une nature grandiose, de celle qui fait la légende de l’Australie : forêts séculaires des parcs nationaux d’Otway et de Port Campbell, spectaculaires falaises ocres des Twelve Apostles (les Douze Apôtres)... Elle a été ouverte en 1932 et aussitôt dédiée aux soldats australiens morts pendant la Première Guerre mondiale. Ce sont en effet les anciens combattants revenus au pays qui ont taillé la roche à coups de pioche. Le Guide Frommer en a fait l’une des dix plus belles routes du monde.