C'est durant le septième mois lunaire (cette année, du 11 août au 10 septembre) que les fantômes envahissent Singapour... Les fantômes ont, dans le cœur des Européens, la couleur des histoires fantastiques que nous racontaient nos grand-mères dans la pénombre d'une lumière tamisée. Mais, dans la tradition chinoise, à Singapour, les fantômes ne sont plus les héros d'un conte. Ils ont une existence propre, et gare à celui qui ne les respecterait pas! Lors du septième mois lunaire, les portes de l'enfer et du purgatoire s'ouvrent, laissant s'échapper les fantômes affamés et de mauvaise humeur (ceux qui n'ont pas de descendance ou ceux dont la descendance se moque). Il faut donc les calmer par des offrandes et des divertissements. Les opéras chinois envahissent Singapour tandis que brûlent, dans les rues, des reproductions de billets de banque, de maisons, de voitures... C'est l'occasion d'immenses banquets où les fantômes ne goûteront qu'à l' «esprit» des aliments, la substance revenant aux humbles mortels. Il ne faudra pas nager non plus, ni se faire opérer et, encore moins, conduire trop vite. Au XVIIIe siècle, le voyageur allemand Kaempfer déclara à propos de la religion japonaise «... qu'en bref, le système entier des dieux du shinto est un tissu ridicule de fables monstrueuses et inacceptables». Qu'aurait-il pensé de Singapour à l'aube du IIIe millénaire?
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