Elles émergent des ondes, soufflent le soufre à Vulcano, crachent le feu à Stromboli, étendent leurs plages de pierre ponce à Lipari… Au large de la Sicile, les îles éoliennes célèbrent Bacchus et Pan à Salina la verte, où vignes, forêts, figuiers, câpriers et palmiers dévalent jusqu'au royaume de Poséidon. Elles arborent d'imposantes falaises escarpées à Panarea, villégiature de la jet-set, alors qu'elles se la jouent agreste sur les petites Alicudi et Filicudi, dont seuls les ânes arpentent les terres sans voiture. Les éoliennes tanguent sur la mer Tyrrhénienne en compagnie des dauphins et des poissons volants, elles dressent leurs cônes volcaniques en un arc de cercle au creux duquel Ulysse a bataillé contre les vents du dieu Éole. Aujourd'hui encore, les zefs balaient cet archipel éblouissant. Pour s'en imprégner, prenez Lipari pour camp de base, puis, de cette île trépidante, zigzaguez en voilier ou en hydroglisseur vers les autres.
À Lipari, une priorité, la baignade insolite dans les eaux bleu lagon de la plage de pierre ponce. Celle-ci est barrée d'un vieux ponton élancé vers le large, vestige des carrières mussoliniennes abandonnées autant qu'éventrées. Dans ce décor stupéfiant, chacun polit sa peau, muni de pierres flottant au ras de l'eau. Plus loin, sur Vulcano, après la traversée de fumerolles sulfureuses aux pieds desquelles s'évasent d'étranges fleurs de soufre vertes, jaunes et orangées, on file se rouler dans les baignoires naturelles de boues soufrées, à ciel ouvert. Ensuite seulement, on s'abandonne aux bouillonnements de ces eaux transformées en jacuzzi à 30° et plus par les failles volcaniques sous-marines. Mais c'est à Stromboli que Vulcain enrage. Le volcan donne la charge toutes les demi-heures. Lové contre ses flancs, notre coeur se met à l'unisson des éruptions, des grondements et des tremblements des entrailles de la terre.