comment imaginer qu'en plein mois d'août, alors qu'une marée humaine déferle dans les rues du Mont, des phoques veaux marins pataugent tranquillement à quelques mètres de là? En prenant les GR 34 et 223 qui longent le sud du rivage, ou en partant de Saint-Léonard, on est pourtant à un moment ou à un autre, même en plein été, confronté à l'étonnante faune et flore de la baie. Dans ce mélange d'herbus et de polders, plus de 90 espèces marines et côtières s'épanouissent: fétuque rouge, glycérie maritime et autre obione résistent à l'immersion régulière des eaux salées. Près de la réserve ornithologique de l'îlot de Tombelaine, les goélands se mêlent aux aigrettes garcettes et aux limicoles.
180 000 randonneurs éclusent chaque année la baie en quête de cette nature. De quoi satisfaire les prestataires locaux ainsi que leurs guides qui s'adaptent à toutes les suggestions (1). A VTT, on peut partir du Bec d'Andaine à Genêts ou des falaises de Champeaux, tandis qu'à cheval, l'étendue sableuse promet des sensations fortes surtout au grand galop, éclaboussé par les eaux douces de la Sée, de la Sélune et du Couesnon. Les moins audacieux opteront pour la découverte des parcs à moules depuis la remorque d'un tracteur... Seul impondérable au programme: les horaires des randonnées. Au Mont-Saint-Michel, c'est la marée qui décide et donne au site, classée au Patrimoine de l'Unesco, des allures de palimpseste en perpétuel changement. Aux grands coefficients, la différence de niveau entre la basse et la haute mer approche 15 mètres!
Lieu de nature et de culte aussi, la baie est le point de convergence de pèlerinages. Depuis 1998, l'association «les Chemins du Mont-Saint-Michel» s'emploie à restituer au public les anciens chemins de pèlerinage vers le rocher, en les rendant accessibles à différents modes de randonnée.
On peut aussi passer derrière le Mont-Saint-Michel, jeter un œil à sa forêt méconnue et prendre la traditionnelle photo du caillou comme amarré sur la terre. Ce cliché sera bientôt daté: depuis longtemps menacé d'ensablement, le Mont devrait être bientôt libéré de l'emprise des herbus qui l'enserrent.Selon le syndicat mixte pour le rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel, «grâce aux forces conjuguées de la mer et du fleuve, les sédiments seront chassés au large du rocher, laissant ses abords hors d'atteinte des herbus».
Tout est aussi mis en œuvre pour que les visiteurs empruntent un itinéraire remodelé. L'ensemble restitue 15 hectares d'espaces de grèves à la nature (2).
Pourquoi ne pas observer le mascaret: lors des grands coefficients, la mer en montant dans les estuaires forme une vague d'un demi-mètre de hauteur qui avance en grondant. Posté entre la Roche-Torin et le pont de Montaubault, parmi les coquelicots, l'émotion est garantie. Après, on s'engouffrera dans un des restaurants de la région pour déguster la viande rose et tendre de l'agneau de pré-salé.
(1) La Maison de la Baie à Courtils: 02.33.89.64.00
(2) www.projetmontsaintmichel.fr