Une enfance heureuse au sein d'une famille aimante qui voyait grandir un miracle en son sein. Et une jeunesse humiliée par la tyrannie d'un princearchevêque méprisant. Deux périodes contrastées des relations complexes entre Mozart et Salzbourg, berceau de son génie.
La maison natale de Mozart se trouve au 9 de la Getreidegasse. Cette rue ornée d'enseignes richement ouvragées s'ouvre sur la petite place Hagenauer, du nom de ces riches négociants en épices, amis et propriétaires des Mozart, dont les prêts d'argent permirent les premiers voyages du prodige. La demeure qui le vit naître, le 27 janvier 1756, est depuis 1880 transformée en musée. L'enfant prodige, « Wolferl », y fit ses premiers pas, prit de son père ses premières leçons de musique en compagnie de sa soeur Nannerl, imagina, dès l'âge de 4 ans, ses premières compositions. C'est de là, après les premiers voyages chez le prince électeur de Bavière, à Munich, et auprès de la famille impériale, à Vienne, que le 9 juin 1763 toute la famille s'ébranla, avec deux domestiques, pour un périple à travers l'Allemagne, les Provinces-Unies, les Pays-Bas autrichiens, la France, la Grande-Bretagne et la Suisse, qui allait durer jusqu'au 29 novembre 1766.
A la cathédrale, on voit toujours les fonts baptismaux romans posés sur des pieds gothiques où Mozart fut baptisé. En contemplant les trois grandes tribunes d'orgue, complétées de deux plus modestes, de cet imposant édifice baroque, on se souvient que Mozart, nommé maître de concert de la cour princière dès 1769, tint ici maintes fois le clavier.
L'autre façade de la maison natale donne sur l'Universitätplatz. Au n°18 de cette place, de 1801 à sa mort en 1828, allait vivre Nannerl devenue baronne de Berchtold de Sonnenburg. Ici se trouve également la somptueuse Kollegienkirche, de Fischer von Erlach : celle-ci abrite l'aula de l'université où, le 13 mai 1767, on créa la comédie latine « Apollo et Hyacinthus » que Wolferl, âgé de 11 ans, avait mise en musique. De là, on prendra le chemin que suivit cent fois le jeune compositeur pour se rendre à la Résidence voisine des princes-archevêques. Au passage, on croise la Haffnergasse, du nom d'un bourgmestre de Salzbourg dont le fils se vit honoré par Mozart de la Symphonie en ré majeur, à l'occasion de son anoblissement. Pourquoi pas une halte Kurfürststrasse, au Café Tomaselli (alors appelé Steiger et fondé en 1703), où Leopold Mozart s'attablait avec ses enfants ? Le goût du café, du thé et du chocolat était désormais largement répandu chez les gens raffinés. A la Résidence, les salons d'apparat virent souvent le jeune Mozart. C'est dans la salle du Conseil que l'enfant donna son tout premier récital devant le prince-archevêque, comte Schrattenbach, à l'âge de 6 ans. C'est dans la salle des Chevaliers (Rittersaal) qu'on joua l'oratorio « Die Schuldigkeit des Ersten Gebots » le 12 mars 1767, et qu'on donna « Il Re pastore », le 23 avril 1775, en l'honneur de l'archiduc Maximilien d'Autriche, de retour d'une visite en France à sa soeur, la reine Marie-Antoinette. C'est encore dans la salle du Conseil que Mozart dirigea, le 20 décembre de la même année, l'exécution de son Concerto pour violon KV 219 avec en soliste... l'archevêque, comte Colloredo, qui le fit tant souffrir. Des hautes baies de la Résidence, ironie amère, on voit au loin se découper la lourde masse de la statue de Mozart, érigée en 1842 sur la place qui porte désormais son nom.
Près de la Résidence, l'église Saint-Pierre, de style roman lombard, auquel se mêle intérieurement un baroque échevelé, vit Mozart, désormais installé à Vienne mais en visite chez son père, diriger, le 26 octobre 1783, la Messe (inachevée) en ut mineur, son épouse Constance étant l'une des deux sopranos. Au lendemain, il quittait Salzbourg pour n'y plus revenir. A deux pas de là, le très pittoresque cimetière Saint-Pierre abrite les tombes de Nannerl et de Michael Haydn, ami de Mozart et frère du grand Joseph Haydn.
Au retour d'un voyage à Vienne, à l'automne 1773, la famille Mozart, avec le chien Pimperl, déménagea de la Getreidegasse dans la belle demeure du Hannibalplatz (aujourd'hui Makartplatz, 8), qui verra naître un grand nombre de compositions (et d'espoirs déçus) jusqu'en 1780. Face au théâtre de Salzbourg, non loin du château Mirabell (aujourd'hui hôtel-de-ville) où Mozart joua souvent dans la « Marmorsaal », cette demeure très spacieuse comprenait un vaste salon (ancienne salle de travail du maître à danser qui l'avait occupée) où l'on faisait de la musique entre amis. De là, le 23 septembre 1777, via Munich et Mannheim, Mozart et sa mère partiront pour ce funeste séjour parisien au cours duquel mourut cette dernière en juillet 1778. Revenu seul, désenchanté, Mozart devra durant deux ans ronger son frein entre son père et sa soeur, relégué à l'insupportable état de domestique du prince-archevêque. Enfin échappé de Salzbourg en 1780, brouillé définitivement avec Colloredo en 1781, marié à Vienne en 1782 après le succès de « l'Enlèvement au sérail », il ne revint à Hannibalplatz que pour trois mois en 1783. C'est ici, avec la maison natale, que se retrouvent les rares vestiges matériels authentiques de la trajectoire mozartienne : les célèbres portraits de ses parents et les siens, dont celui fait à Dresde, son violon d'enfant, quelques menus objets, son clavicorde, et ce pianoforte qu'à Vienne il faisait transporter avec lui pour chaque concert. Autant de souvenirs. Cependant, plus rien ne subsiste des somptueux présents reçus de l'Europe entière durant les voyages du jeune prodige.
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Outre les lieux déjà mentionnés, voir : la maisonnette dite de « la Flûte enchantée » dans le jardin du Mozarteum où Mozart composa l'ouverture de son « Singspiel » (1791) ; les tombes de Leopold Mozart et de Constance, remariée au diplomate danois Georg von Nissen, premier biographe de Mozart ; la maison du Mozartplatz où moururent Constance (en 1842) et sa soeur Sophie.
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