C'est un de ces villages du sud en terrasses. Un village anguleux de bois et lauzes. Les façades dissymétriques affichent depuis des siècles leur sourire en coin. Chaque quartier possède sa fontaine et sa croix. Les cadrans solaires donnent toujours l'heure. Et il reste même quelques fours à pain. Ce village au charme étrange, un brin nostalgique, de 270 habitants, s'appelle Saint-Véran.
Il vit là-haut, très haut dans la montagne, à 2 040 m d'altitude, et revendique d'ailleurs le titre de commune la plus élevée d'Europe. Saint-Véran domine le Queyras (prière de ne pas prononcer le "s"), un territoire enclavé dans le département des Hautes-Alpes, 650 km² aux contours tracés par des sommets de 2 700 à 3 300 m en un cercle presque parfait. L'hiver, le cercle se referme quasiment sur ce bout du monde. Seule la route des gorges du Guil (affluent de la Durance) en permet l'accès. Les cols de l'Izoard, vers le Briançonnais, et d'Agnel, vers le Piémont, sont enneigés. La première grande ville, Grenoble, est à 170 km, et Marseille, l'eldorado de tant de Queyrassins en exode rural, 300 km plus au sud.
Autant dire que Saint-Véran, malgré son ciel limpide et son soleil omniprésent, ne ressemble pas à une carte postale douillette de Suisse ou de Haute-Savoie. Ici, comme dans les sept autres villages du Queyras, la vie est restée rude trop longtemps. Le tourisme est récent, développé depuis une trentaine d'années par de nouveaux résidents, anciens citadins tombés en extase devant ce village différent. Sa situation haut perchée aurait pu le défigurer en un moderne nid d'aigle skis aux pieds. Heureusement, il n'en fut rien. Le voilà donc intact pour des vacances nonchalantes ou musclées.
Le ski de piste dégourdit les jambes sur 120 km de pentes douces, éclatées en sept petits domaines (38 km pour Saint-Véran/Molines) non reliés mécaniquement mais réunis dans un "forfait Queyras". Hors piste, en revanche, c'est du costaud: du ski de randonnée uniquement, où la moindre sortie à la journée commence par une montée à peau de phoque de trois ou quatre heures sur 1 000 m de dénivelée.
Le ski nordique, sportif également, glisse d'un village à l'autre sur 200 km. Ce domaine, le plus vaste du département, est superbe mais, attention, très vallonné. Seule la vallée du Guil, relativement plate, se prête à la trace tranquille. Quant aux raquettes, mieux vaut ne pas les assimiler à de la petite balade d'oxygénation. A 2 000 m d'altitude, l'effort se fait vite sentir. Après deux heures de marche ascendante, un pique-nique réfrigérant dans la neige (pas de chalet-refuge, ici, c'est la grande nature) et la descente du retour, on rentre épuisé.
Le temps des vacances s'égrènera donc bien doucement. A trottiner dans les ruelles grimpantes, à visiter le "Soum" ("sommet"), le musée local, à dévorer les romans du cru qui racontent la vie d'antan, à flâner d'artisan en fabrique de jouets en bois dans les villages et hameaux des environs. Bref, à respirer et à se reposer, tout simplement.
Préparez vos vacances
Y aller. Par la route ou le train, accès Guillestre, à 35 km de Saint-Véran.
Séjourner.
Six petits hôtels (et des chambres d'hôtes)