La décapotable de sport rouge se gare devant l'entrée. La jeune femme au volant coupe le contact, remet la clé au voiturier. Cintrée dans un tailleur pantalon noir ouvert sur un body décolleté, lunettes de soleil griffées et petit sac sanglé, Diana Yahya al Zedjali s'avance dans le lobby. Nous sommes à Mascate, au Al Bustan – «le jardin» en arabe –, palace où se jouent intrigues et affaires de la capitale omanaise. Issue d'une famille musulmane éclairée, la styliste entend vivre comme les femmes de son temps. «Bien sûr, dit-elle, je suis heureuse de pouvoir créer librement des robes du soir pour les femmes de mon pays, mais quel intérêt puisque les hommes ne les verront pas», regrette-t-elle, en attendant de s'installer en Occident. «Tant de choses ont évolué en Oman depuis trente ans, mais il reste encore des barrières…»
En 1975, une révolution de palais annonçait l'avènement d'une ère nouvelle. Le régent est alors renversé par son fils, soucieux de développer un pays fossilisé. Le nouveau souverain de la dynastie des Bousaïdes unifie Mascate et Oman pour donner naissance au sultanat d'Oman. Grâce aux revenus du pétrole, le miracle se produit. Aujourd'hui, le pays est doté d'une infrastructure routière, d'un réseau électrique et hydraulique, d'écoles et d'hôpitaux. Sur la voie rapide, on traverse des centres commerciaux et industriels où sont implantés des malls ultramodernes. Mais aucune folie architecturale: une règle d'urbanisme préserve l'identité traditionnelle. Ce tissage de modernité et d'héritage culturel distingue Oman des autres pays du Golfe.
A Mattrah, de beaux édifices des années 1920 bordent la corniche. Toute la matinée, le marché aux poissons s'est activé dans un incessant va-et-vient. Grâce à des eaux territoriales très poissonneuses, les étals ploient sous une multitude d'espèces. Le requin séché, apprécié des Omanais, côtoie le poisson roi, fine variété de mérou appelée «l'hammour». L'âme ancienne d'Oman se rencontre au souk, riche de parfums, de tissus, d'encens, de bijoux et d'épices. Les hommes portent la tenue ancestrale, le kumma, toque brodée, sur la dishdasha, longue robe de coton blanc. Les femmes revêtent l'abbaya, un manteau noir couvrant le corps à l'exception du visage et des pieds. Il cache une tenue occidentale, ou l'oriental sarouel resserré sur les chevilles par des galons. L'islam ibadite se veut tolérant. Aucun regard curieux ou agressif ne toisera jamais nos chevelures nues.
La route vers le sud, à travers le désert, inquiète notre chauffeur. Les histoires d'hommes transformés en chèvres, d'arbres volants, de disparitions mystérieuses circulent. Dans le monde arabe, Oman passe pour le pays de la magie noire. Pour l'étranger, reçu en prince, le sortilège omanais se distille dans les paysages désertiques –les dunes de Wahibas ou les roches du Jebel Shams–, la beauté des plages vierges à Fins, la fraîche volupté des oueds, la quiétude des oasis parsemées de vestiges archéologiques, de forts majestueux, de petits musées… De miracles et de mirages.
Infos pratiques:
Y aller
Gulf Air propose des vols quotidiens aller-retour Paris-Mascate (via Bahreïn ou Abu Dhabi) à partir de 650 €. Tarif promotionnel à 492 € + taxes jusqu'au 18 décembre; 01-49-52-41-41 et www.gulfair.fr
Circuits individuels «Cadence caravane» en 8 jours, et voyages à la carte avec Asia, 01-44-41-50-10.
Se loger
auberges de jeunesse OMAN, PAGE D'ACCEUIL
Visiter
Excursions sportives, touristiques et culturelles avec Zubai Tours; (968) 69-29-40.
Visiter les expos de la Omani Society for Fines Arts, à Mascate.
Lire
«Les aventures de Sindbad le Terrien» de René R. Khawam (éditions Phébus, Libretto).