à cet endroit de l'océan Indien. Un volcan avait pourtant commencé à se former par 4 000 mètres de fond : la Réunion. Pour comprendre l'île et son évolution, il faut se rendre là où la terre gronde encore parfois, dans le sud sauvage de l'île, où la vie est rythmée par les coulées de lave du piton de la Fournaise.
La plaine des Cafres, prolongée par la plaine des Palmistes, sépare en deux l'île de la Réunion. Contrairement à ce qu'indique leur nom, on est déjà assez haut dans la montagne. C'est par cette route que l'on accède au piton de la Fournaise, étape obligatoire du séjour si l'on veut découvrir le paysage quasi lunaire d'un volcan toujours en activité. La veille, il vaut mieux dormir dans l'une des multiples chambres d'hôtes ou auberges de jeunesse à proximité du volcan et se lever tôt pour surprendre le soleil à son lever. Chez Thérèse Mussard, dans une ferme rustique de Notre-Dame-de-la-Paix, on touche à l'authentique (1). L'accueil est chaleureux et la cuisine de tradition : ti punch maison et rhum arrangé ponctuent le repas. Ce soir-là, les visiteurs affamés se délectent autant du créole parlé dans la montagne que du gratin de « Brèdes » (2).
A l'aube, il faut encore conduire une bonne heure avant d'atteindre le pas de Bellecombe, la seule entrée possible du volcan. En à peine 15 mn, le bord inférieur de l'enclos est atteint. Là, des tâches de peinture blanche balisent le chemin de la randonnée. On passe devant Formica Léo sur une mer de lave durcie en grandes plaques sombres, puis dans la montée, sur des roches qui retiennent les gravats très glissants. Les chevilles sont mises à rude épreuve. Il faut s'équiper de chaussures de marche, ainsi que d'un pull et d'un ciré pour les temps de pluie. Il n'est pas rare que des nappes de brouillard privent de la vue sur le volcan et le reste de l'île.
Un temps bouché qui ne doit pas faire renoncer au tour des deux principaux cratères, Bory et Dolomieu, rien que pour l'odeur du soufre et les exemples de contorsion de la roche en fusion.
Après ces cinq heures de marche, on apprécie le retour en voiture. Des sites que l'on n'avait pas vus à cause d'une arrivée matinale, se déploient dans toute leur splendeur. Au désert rougeâtre et minéral de la plaine des sables succèdent des prairies vallonnées plus vertes que le bocage normand. Les randonneurs expérimentés pourront aussi profiter de cette alternance de paysages en suivant le GR R2. Une excursion de deux jours au départ du gîte du volcan mène jusqu'à Saint-Philippe avec une étape au gîte de Basse-Vallée (3) que l'on rejoint par le sentier du Tremblet.
En voiture, on descend vers Saint-Joseph, on louvoie entre les champs de canne. La route du littoral vers le sud plus humide s'esquisse avec les cicatrices laissées par les coulées de lave avant de se jeter dans la mer. La pointe du Tremblet, et bientôt celle du Grand Brûlé. On est encore dans l'enclos du volcan, mais plus bas. Point d'orgue de cet itinéraire thématique : Notre-Dames-des-Laves à Piton-Sainte-Rose où, en 1977, un fleuve de boue volcanique de 500 mètres de large a dévasté une partie du village et épargné son église. Le propriétaire du restaurant d'en face vous racontera ces journées terrifiantes devant un des meilleurs caris de la région, invariablement servi avec son riz, son rougail et ses « grains » : lentilles, haricots ou pois. Epuisé par la marche du matin, on pourra s'endormir au Joyau des Laves ou à la ferme-auberge La Cayenne à Sainte-Rose, bercé par le ressac des vagues.
(1) Tél. : 02.62.27.57.59.
(2) Feuilles de certains légumes ou de plantes.
(3) Réserver à la Maison de la montagne. Tél. : 02.62.90.78.78.