Sur les trottoirs encombrés d'un invraisemblable bric-à-brac (briquets, peignes, épis de maïs, pommes et bananes, parapluies, bassines en plastique, instruments agricoles) trônent des chapeaux de paille coniques surmontés d'une curieuse excroissance en forme de choux dont le style est directement emprunté à la silhouette d'une colline. A voir ce couvre-chef emblématique du vêtement basotho (le nom des habitants du Lesotho), chacun pressent qu'ici la nature fait preuve de caractère.
Posé au milieu de l'Afrique du Sud dont il est défendu par les montagnes du Drakensberg et des Maloti, le Lesotho est un État dans l'État, même si la majeure partie de ses denrées alimentaires lui sont fournies par son unique voisin. Ce royaume grand comme la Belgique mais cinq fois moins peuplé est perché à plus de 1200 mètres d'altitude. Jaloux de son indépendance et de ses singularités, il offre à ses quelques visiteurs aventuriers (18000 à 20000 par an dont 90% de Sud-Africains) la virginité de hauts plateaux ondulés tapissés d'herbe rase que l'on parcourt à dos de poney. Robustes et dociles, ces montures issues du croisement de petites juments javanaises et de vigoureux étalons européens, ont le pied aussi sûr que les chèvres. Ils offrent surtout un moyen de transport privilégié aux villageois des hautes terres.
Pour lire la suite, cliquez sur read more
Les randonnées quotidiennes se déroulent au milieux de landes infinies festonnées de montagnes bleutées aux crêtes ondulantes. Far-West ou paysages bibliques, c'est au choix, l'imaginaire apportera sa réponse. Bercé au pas indolent des poneys jamais bien ardents, voilà que pointent sur le chemin des pâtres en costume traditionnel: épaisse couverture écossaise jetée sur l'épaule à la manière d'une pelisse et maintenue par une grossière épingle double. Ils avancent selon l'inspiration de leurs troupeaux, vaches, brebis et chèvres angora, dont les clochettes tintinnabulent dans l'air pur.
Lorsqu'un canyon paraît, chacun abandonne sa monture pour descendre au plus profond de la gorge à la recherche des traces que laissèrent d'anciens habitants. Leur présence est signalée par d'ésotériques peintures rupestres. Une chute d'eau, un village de huttes rondes couvertes de chaume, des gamins curieux échappés de la salle de classe, un adolescent venu au grand galop pour assister au défilé de visiteurs, ponctuent ces promenades menées au rythme du temps qui passe.
Le retour au lodge réserve une surprise. Un groupe de musiciens au look de rapeur tirent d'étonnants accords de leurs instruments de fortune: plaque de bois, bidon de plastique et cordes à linge pour la guitare, toile de caoutchouc et fût d'essence pour la batterie... Des boutons de culottes suspendus à un manche à balai donnent la cadence. La note n'est pas toujours parfaite mais au moins l'ambiance est-elle au rendez-vous. La journée s'achève sur ces chants et rythmes locaux mâtinés d'airs jazzy. «Il n'était pas question d'ouvrir notre lodge sans le concours des villageois voisins. Nous ne proposons pas une découverte ethnographique mais une forme de rencontre et de partage capable de contribuer à l'amélioration des conditions de vie locale», explique Di Jones, la maîtresse des lieux. Le voyage au Lesotho s'honore aussi de cette conscience. A cheval
La randonnée équestre est incontestablement le meilleur moyen de découvrir les hautes terres du Lesotho. Outre le centre de Malealea (tél. : 00275144732.00 et www.malealea.co.ls), deux autres adresses invitent à pratiquer cette forme de voyage. Le Basotho Pony Trekking Centre (tél. : 00236313760) à une heure environ de Maseru, sur la route menant à Thaba Tseka. Y sont organisées des randonnées de la journée mais sans possibilité de logement sur place. Et le Semonkong Lodge (tél. : 00 27.51933.31.06) situé à une centaine de kilomètres au sud-est de Maseru.
Préparez votre voyage
* Y aller. Vols via Johannesburg en Afrique du Sud, avec South African Airways (tél.: 01.55.61.94.55). Départ de Paris le lundi, mercredi, vendredi et samedi. Ou avec Air France (tél.: 0.820.820.820) le mardi, samedi et dimanche. Puis, correspondance pour Maseru (1h30 de vol). Compter environ 1000 € le billet complet, aux conditions ordinaires. British Airways (tél.: 0.825.825.400), Lufthansa (tél.: 0.820.020.030) et KLM (tél.: 0.890.710.710) offrent également de bonnes liaisons vers Johannesburg, avec escale préalable en Europe.
* Formalités. Passeport valide six mois après le retour.
* Décalage horaire. Quand il est midi à Paris, il est 13h au Lesotho en hiver. Pas de décalage horaire en été.
* Langue. Sesotho et anglais.
* Saison. L'été austral de novembre à avril est la saison la plus agréable pour le voyage. Journées chaudes (30°C environ) mais nuits froides, surtout en altitude. C'est aussi la saison des pluies avec de spectaculaires orages de courte durée, principalement de décembre à mars. En hiver, de mai à septembre, il fait froid (3°C en moyenne) et il peut neiger en très haute altitude.
* Argent. Le maloti vaut 0,11 €, tout comme le rand sud-africain qui est accepté partout. Change à Maseru uniquement.
* Forfaits. De rares circuits en Afrique du Sud font une brève incursion au Lesotho, comme celui baptisé Aux confins de l'Afrique proposé par Kuoni (tél.: 01.42.82.04.02) à partir de 3650 €, tout compris pour seize jours.
Autrement, le Lesotho se visite avec le concours des spécialistes de l'Afrique du Sud qui proposent des voyages à la carte. Consulter Makila (tél.: 01.42.96.80.00), Meltour (tél.: 01.48.89.85.85), Comptoir d'Afrique (tél.: 01.53.10.21.80), Voyageurs en Afrique du Sud (tél.: 01.42.86.16.60), Nouvelles Frontières (tél.: 0.825.000.825) ou Accor Tour (tél.: 0.825.01.23.45).
* Lire. Le Guide Lonely Planet (25,79 €) consacré à l'Afrique australe est le seul à évoquer le Lesotho.
* Se renseigner. Ambassade du Lesotho en Allemagne (tél.: 00.49.228.30.84.30).