Ici commencent les Alpes bavaroises, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Munich. Tout comme leurs voisines tyroliennes (l'Autriche est à vingt minutes d'autoroute), ces Alpes-là n'atteignent pas les sommets. Tout juste si elles s'enhardissent jusqu'à 1 900 m. Mais cela ne les empêche pas de composer un décor charmant.
Climat continental oblige, elles sont déjà bien chapeautées de blanc.
Elles abritent une ribambelle de petits domaines skiables sans prétention : quelques kilomètres de pistes, un restaurant d'altitude panoramique et accessible aux non-skieurs, une terrasse jonchée de chaises longues et de la musique qui donne toujours l'impression d'avoir été choisie spécialement pour vous, qu'elle soit folklorique, rock'n roll ou techno. Voilà qui suffit amplement pour une bonne journée. Demain vous zapperez sur un autre site.
Le domaine le plus proche de Rottach-Egern s'appelle Wallberg, du nom de la cime de 1 770 m qui surplombe le village. Une télécabine pour unique remontée mécanique et une seule piste. Mais ne vous y fiez pas : balisé noir et non damé, ce parcours dégringole sur 3,2 km et 1 000 m de dénivelée. De là-haut, la vue sur le lac est superbe. Outre le restaurant et les chaises longues, une chapelle vous attend à l'arrivée. Montez donc pour admirer le paysage, 14 € seulement l'aller-retour. Ou 8,50 € l'aller simple. Car on peut aussi redescendre en luge (vraie luge en bois aux patins ferrés). A condition d'avoir le coeur bien accroché : la piste dévale pendant 6,5 km à travers la forêt. La vallée propose également une centaine de kilomètres de pistes nordiques.
Vous pouvez tout aussi bien choisir de ne rien faire, si ce n'est respirer l'air pur, vous reposer, vous promener à pied ou en traîneau, bref, goûter au cocooning douillet en vigueur dans les hôtels ou auberges de jeunesse. Du moins ceux qui sont ouverts en cette saison. Si la plupart des établissements célèbrent la fin de l'année, une fois les fêtes passées, bon nombre s'empressent de refermer leurs volets jusqu'au printemps. Jusqu'au moment où les green reverdiront. Haut lieu de villégiature pour les golfeurs avec une dizaine de parcours, la vallée de Tegernsee hiberne volontiers. C'est dire le calme d'un séjour en janvier ou en février.
Le Seehotel €berfhart Tegernsee reste ouvert. C'est un vaste paquebot blanc de 188 chambres et suites prolongées d'un balcon ou d'une terrasse. Il est doté d'un spa de 2 000 m2 avec piscine, d'un excellent restaurant et d'un directeur parlant parfaitement français (rarissime dans cette région où même l'anglais suscite bien des hésitations). Luxueuse adresse 5-étoiles, cet hôtel de la chaîne Dorint bat aussi pavillon français : Sofitel. Le groupe Accor a, en effet, racheté récemment la chaîne allemande.
Il y a donc ici tout ce qu'il faut pour couler des jours heureux, avec un zeste de sport, beaucoup de remise en forme et des possibilités de découvertes alentour (Bad Tölz, ravissante petite ville sur l'Isar, à 25 km, Munich bien sûr ou encore les fameux châteaux de Bavière). Rottach-Egern n'est pas une station. Juste un gros village dominé par une église catholique du XVe siècle au clocher effilé. Toutes les maisons sont belles, blanches et bois, murs peints de fresques et toits à deux pentes, façon chalet. Et nombre de magasins, y compris des antiquaires, offrent le loisir de chiner.
La calèche roule au pas. Dès que la neige sera tombée en quantité suffisante, elle troquera ses roues contre des patins et deviendra traîneau. Le cheval a le sourire. Le cocher n'a pas froid. A l'arrière, les touristes emmitouflés se rencognent dans les capuches, disparaissent sous les bonnets. Les mains gantées n'en finissent pas de remonter les couvertures sur les jambes. Sur la banquette, une corbeille a judicieusement été posée. Elle contient une bouteille de schnaps et des petits verres qui tintinnabulent. L'alcool brûle le gosier. Irradie de la tête aux pieds. Cet hiver haut-bavarois a décidément des bons côtés.