Lorsque, le 22 avril 1500, les caravelles menées par Pedro Alvares Cabral abordèrent la côte bahianaise, les rudes navigateurs portugais crurent débarquer aux rives de l'Eden. Immenses plages de sable argenté, luxuriante végétation tropicale, et les fruits les plus doux, les oiseaux les plus étranges… un jardin de paradis que ce Brésil grandeur nature, aujourd'hui encore en partie « terra incognita ». Baptisé du nom de l'arbre de braise, le pau brasil, il fut dès les origines l'empire de la couleur. « Rouge Brésil », mais tout aussi bien pourrait-on écrire « Vert Brésil » tant il recèle d'arbres et de plantes inconnues, « Jaune Brésil » ou « Orange Brésil » pour l'infinie variété de ses terres d'ocre et de ses sables, « Bleu Brésil » pour l'incroyable palette de ses eaux, de ses ciels, de ses nuages…
Tant de splendeur, de si vastes étendues et une telle complexité peuvent sembler fascinantes, mais aussi parfois décourageantes. Comment aborder ce territoire qui couvre, à peu de choses près, la même superficie que l'Europe (moins la Russie) ?
Et ce peuple de 180 millions d'habitants, d'origines amérindienne, européenne, africaine, japonaise, libanaise… liés en somme uniquement par deux choses : la langue, et le football ? Si l'on ajoute que la population est, à 80 %, concentrée sur le littoral, comment explorer ces vastes espaces vides de l'intérieur ? Et comment donc s'y retrouver dans la diversité des vingt-six Etats et des cinq grandes régions ? Dans les styles de vie contrastés de ses villes ? A chacun de construire son itinéraire, au gré de ses passions…
On peut choisir de s'intéresser aux richesses de la nature : une faune et une flore uniques dans le Pantanal ou en Amazonie, le long des vastes fleuves et dans des îles qui représentent parfois tout un univers : celle de Marajo, par exemple, plus vaste que la Suisse.
On peut préférer suivre les routes de l'histoire et de la culture : dans le Nordeste colonial, de São Luis à Salvador de Bahia, ou le Minas Gerais, légendaire pays de l'or et des pierres précieuses, qui garde de son passé prestigieux de sublimes architectures baroques et des trésors d'art sacré. Ou encore à Petropolis, l'ancienne capitale impériale et toutes les petites villes au charme colonial. On peut choisir les routes de la musique, à travers lesquelles chaque région se révèle dans sa singularité : samba et bossa-nova de Rio, repentistas du Nordeste, « tropicalisme » de Bahia, voire rap et techno dans le Sud. On peut vibrer pour le Brésil des grandes cités : Rio la fantasque, cultivant farouchement sa joie de vivre, même dans la misère ; São Paulo la capitale économique et culturelle ; Salvador de Bahia longtemps indolente mulâtresse alanguie sous les alizés, qui depuis peu s'éveille à la modernité ; Belém l'Indienne, porte de l'Amazonie ; Brasilia la futuriste, vaste musée d'architecture à ciel ouvert ; ou encore Curitiba où s'invente peut-être une nouvelle société. Dans toutes ces villes, architectes, designers, créateurs de mode ou faiseurs d'utopies sont en train de façonner le Brésil du xxie siècle. Le moment où jamais d'aller découvrir les multiples facettes du « país tropical ».
Le Brésil, pays de tous les dangers ? Une réputation qui peut, dans certains endroits, correspondre à la réalité. Se méfier surtout des grandes villes où le luxe côtoie la misère, dangereuses pour les riches (souvent victimes d'enlèvements, notamment à São Paulo) et pour les habitants des favelas où la pauvreté favorise la délinquance et les affrontements entre trafiquants et bandes rivales. Autres victimes désignées : les touristes bardés d'appareils photo. Quelques règles à suivre : ne prendre que des taxis officiels (en particulier à l'aéroport) ; ne porter ni bijoux, ni montre voyante, ni baskets de marque, adopter tee-shirt et Havaianas ; avoir peu d'argent sur soi ; ne pas circuler à pied la nuit dans certains quartiers, et surtout, suivre les conseils de ceux qui savent, ne pas se croire plus malin ! Rien à craindre, en revanche, dans les petites villes, la campagne, et les stations balnéaires.
Par ailleurs, certaines plages idéales pour les surfers sont dangereuses pour les baigneurs, même les meilleurs nageurs. Là encore, sachez écouter ceux qui savent…
Y aller
Paris – Rio de Janeiro aller-retour à partir de 598 e (Varig, 0826-10-26-25), (TAM, 01-42-25-17-17). Paris – São Paulo aller-retour à partir de 680 euros (Varig), (TAM). Les vols intérieurs étant hors de prix, la plupart des compagnies proposent des « pass » valables pour un certain nombre d'escales et une période donnée (à acheter en prenant son billet). Il existe des services de cars executive, relativement confortables, mais les distances sont énormes et les routes difficiles !
Dans ce pays immense, éviter de vouloir en faire trop, trop vite… au risque de ne visiter que des aéroports ! La meilleure approche : choisir une région, ou une thématique, et construire son voyage avec un spécialiste proposant des formules « à la carte ».
Entre autres :
• La Maison des Amériques latines, 01-53-63-13-40, www.maisondesamériqueslatines.com
• Voyageurs en Amérique du Sud,
0892-23-65-65, www.vdm.com
• Comptoir du Brésil, 0892 239 039, www.comptoir.fr
• Marsans Transtours, 0825-031-031, www.marsans.fr
Nos coups de cœur :
• un périple en buggy sur les plages désertesdu Nordeste au départ de Fortaleza, par groupes de 4 à 8 personnes. Brésil Aventure, 0800-95-2849,www.bresilaventure.com
• un joli séjour sur la Costa Verde (au sud de Rio) proposé par Terres de Charme, 01-55-42-74-10,www.terresdecharme.com
• un circuit randonnée de 20 jours, associant trek et visites : La Balaguère, 0820-022-021,www.labalaguere.com
A noter
Le Brésil ne dispose pas d'un office de tourisme à Paris, mais les Etats et les villes ont chacun leur organisme spécialisé.
Sur le net :
• Para (Belem, Marajo, Santarem) : www.paratur.com.br
• Bahia : www.emtursa.ba.gov.br
• Rio de Janeiro : www.rio.rj.gov.br
En France, les manifestations de l'Année du Brésil permettent se familiariser avec le « país tropical », son peuple, sa culture, ses musiques.
Renseignements : www.bresilbresils.org
A lire
Le meilleur guide (en portugais) : « Brasil Guia Unicard Unibanco 2013 ». A acheter sur place. En français : « Brésil, guide footprint » (édité par Gallimard).
Lire les romans de João Ubaldo Ribeiro, Jorge Amado, Chico Buarque, Patricia Melo et Jô Soares.