Ici, la principale richesse consiste à ne pas avoir de voisins. Chacun peut (selon ses goûts et son budget) occuper son fief, le temps d'une parenthèse avec le monde ordinaire.
Vivre la Toscane, cela peut consister tout simplement à passer de longues soirées au coin de l'âtre devant une fiorentina (côte de boeuf à l'os) arrosée d'un valdipiatta 97. D'autres préfèrent éreinter leur monture à travers champs, sur les hauteurs de Montepulciano. A moins de défier les lacets sinueux de cette région vallonnée sur une petite Vespa ou au volant d'une emblématique Lamborghini Miura vert pomme... Quelle que soit l'option retenue, chacun dormira à poings fermés avant de se réveiller au chant du coq noir (le symbole du Chianti Classico) qui bouscule une aube voilée de brume.
Bientôt, elle se dissipe et révèle, à perte de vue sur fond de vert, la mosaïque d'orange et de rouge, de brun et de paille, des feuilles de vignes du Chianti Classico. Il n'est pas vain de céder à la contemplation, ne serait-ce que le temps d'oublier le reste et de comprendre l'engouement des artistes du XVe siècle pour le paysage toscan.
Sur cette terre d'accueil et de tradition, il existe mille et une façons de se sentir rapidement " un peu chez soi ". Par exemple, en visitant les fermes, pour assister à la traite des vaches blanches, déguster un verre de vernaccia blanc ou aider une vieille dame à trier son fenouil. Terreau de la noblesse italienne, la Toscane réconcilie patrimoine et ouverture. Du reste, elle a durablement conquis sa cour de people, Umberto Bossi, Luciano Pavarotti, Sting, Tony Blair ou Richard Gere...
Si le calme n'a pas de prix, les bons produits en ont un. C'est ce qu'a compris André Cecchini, maître boucher à Panzano in Chianti. André, qui n'a d'admiration que pour les " forts aux halles " de Rungis, joue la carte de la qualité artisanale tout en récitant à la cantonade des passages de la Divine Comédie de Dante. Une personnalité et une adresse inévitables pour qui veut goûter les vrais plaisirs du Chianti. Dans son petit magasin hétéroclite, les tableaux d'art moderne peinent à voler la vedette à ses magnifiques jambons crus suspendus au plafond.
Après avoir épuisé ces plaisirs élémentaires, franchir les frontières du Classico pour explorer d'autres versants toscans. Sienne d'abord, ville du Palio (le 2 juillet et le 16 août) au cours duquel s'affrontent les douze quartiers de la ville à l'occasion d'une joute équestre hors du commun. Pas un Siennois ne manque à l'appel pour défendre ses couleurs et supporter le champion de son quartier. Attention, tous les coups sont permis, âmes sensibles s'abstenir.
Se rendre aussi à Florence, capitale de la région, le temps d'assister à une pièce de Benigni ou de Dario Fo au théâtre de la place Signoria. La représentation continuera bien au-delà de la chute du rideau car, en fin de soirée, le sang italien retrouve sa chaleur. Les Joconde toscanes ne vivent pas que dans les musées et les Toscans ne se contentent pas de chasser la perdrix... Le palais Antellesi, situé dans le centre historique de Florence, a déjà abrité plus d'une passion.
Passés l'ivresse et des plaisirs de la nuit, une ultime retraite s'impose. Retour aux sources historiques à Montalcino, pour un peu de " far niente " avec ou sans la belle au bord de la piscine du moulin d'Arrighi. Cette petite maison charmante est perdue au milieu des oliviers. Ses fondations datent de 1066 et le temps n'a rien changé à sa beauté naturelle. Un dernier espresso, une glace au pignon à la gelateria di Piazza de San Gimignano... Le retour au bercail suggère assurément des perspectives moins clémentes.
Préparez votre voyage
- Y aller.
Pour voyager jusqu'à Florence, consulter Alitalia (tél. : 0 820 315 315) ou Air France (tél. : 0 820 820 820), ainsi que la SNCF (tél. : 0 836.35.35.35). Le voyage en avion au départ de Paris ou ryanair au depart de Beauvais
Photos Florence