Créé au début du siècle à l'initiative de scientifiques renommés, c'est "une réserve naturelle dans laquelle la nature est entièrement soustraite à toute action ou influence humaine et dans laquelle l'ensemble des animaux et des plantes est laissé entièrement à son développement naturel". Il est donc interdit de couper les arbres, de planter sa tente, de promener son chien, de faire du ski...
Le parc compte quelque 80 kilomètres de sentiers pédestres de longueurs différentes et de difficulté variable. Parmi eux, deux itinéraires alpins et un chemin didactique. Sachant que pour assurer la tranquillité de la faune et préserver la flore, il est formellement interdit de s'écarter des chemins et, bien entendu, pas question de cueillir des fleurs ou de ramasser des champignons. Moyennant quoi, observer cette nature généreuse où abondent cervidés, rapaces et les plus jolies des fleurs alpestres réserve de vrais bonheurs.
Côté faune, plus de trente espèces de mammifères et plus de cent espèces d'oiseaux vivent dans le parc dont environ le quart de la superficie est occupé par des forêts de résineux (pins, mélèzes, épicéas).
En septembre et octobre, le brame des cerfs devient la grande attraction des lieux. Durant cette période, les mâles les plus puissants repoussent les prétendants qui tentent de séduire leurs biches. Cris rauques, défis d'armures, grattage du sol... suffisent le plus souvent à décourager les rivaux. Mais parfois, le combat s'engage. Têtes baissées, les bois s'entrechoquent. Le vaincu laissera la place au vainqueur. Après le brame, cerfs et biches (1800 à 2000 individus répartis en hardes impressionnantes) quittent le parc pour prendre leurs quartiers d'hiver dans les vallées plus ensoleillées de l'Engadine et de Münster.
Réintroduit dans les Grisons au début du XXe siècle grâce à des animaux importés en fraude d'Italie, le bouquetin a depuis fait souche. Ici, la population varie entre 250 et 450 individus car certains hivers, les avalanches font de nombreuses victimes. Cet animal paisible, dont les cornes chez le mâle peuvent atteindre un mètre de long, possède un sens de l'équilibre remarquable, propice à l'escalade. Et voir une harde composée de femelles et de leurs petits sauter de rocher en rocher est un spectacle inoubliable.
Appréciant les pâturages où elle peut se régaler d'herbe tendre, la marmotte des Alpes est très présente. Au moindre danger, cet animal vif disparaît dans son terrier ou dans une galerie, en poussant un cri caractéristique. Fin septembre, après avoir accumulé des graisses, les marmottes hibernent à l'abri de leur terrier. A la Maison du parc, une exposition, qui enchante les enfants, permet de découvrir ces habitations cachées et leurs chambres d'hibernation soigneusement rembourrées et calfeutrées. Le long des chemins sinueux, un couloir mène vers la surface où d'autres surprises attendent les visiteurs...
Le ciel des Grisons permet en effet de surprendre le vol majestueux de l'aigle royal ou celui - impressionnant - d'un gypaète barbu dont l'envergure peut atteindre trois mètres. Le premier trouve sur place assez de nourriture (en été, il est friand de marmottes) et de repaires pour établir son territoire. Quant au second, il a été introduit il y a une dizaine d'années et semble s'être parfaitement adapté.
Petit oiseau au plumage tacheté brun et blanc, doté d'un bec puissant et long, le casse-noix moucheté est devenu l'emblème du parc national. Sa manière de se nourrir démontre en effet la belle solidarité de la nature: appréciant les graines d'arole (une variété de pin), il en fait provision à l'automne puis les enterre; comment, l'hiver venu, fait-il pour retrouver ses cachettes sous la neige, c'est un mystère. Mais au passage, il abandonne des graines qui, ainsi disséminées, donneront naissance à de jeunes aroles.
Côté flore, la région est riche d'espèces aux couleurs éclatantes qui s'observent le long des chemins de promenade. Le fameux edelweiss aux fleurs jaunes regroupées en capitules serrés, entourés d'une collerette de feuilles laineuses et blanches, habite les pentes ensoleillées jusqu'à 3 000 mètres d'altitude. Quant au pavot rhétique, plante typique des Alpes de l'est, il arrive, grâce à ses longues racines, à coloniser les raides éboulis où les chamois font admirer leur adresse.
Mais ce paysage enchanteur ne doit pas faire oublier certaines précautions. Pour effectuer une randonnée dans le parc, de bonnes chaussures de montagne sont indispensables. Quant au sac à dos, il doit impérativement contenir carte, jumelles, lunettes et crème solaire, imperméable, vêtements chauds et de rechange, trousse à pharmacie, ainsi que provisions et boissons.
Parc, mode d'emploi
* ACCÈS.
Le parc national suisse ferme le 1er novembre et rouvre le 1er juin. Il compte treize entrées obligatoires. Certaines sont dotées de parkings. Si la circulation en voiture est autorisée sur la route qui traverse le parc, il est conseillé, par respect pour l'environnement, d'utiliser les transports publics (service de bus).
* MARCHER.
Les 80 km de sentiers de randonnée sont tous balisés. Les principaux points de départ étant situés le long de la route du parc. Des excursions guidées sont organisées le mardi et le jeudi (6,80 € par personne). En automne, les jours raccourcissant et la température devenant plus fraîche (il gèle la nuit), il est conseillé de se renseigner auprès de la maison du parc avant de se lancer dans une randonnée en altitude.
* SE LOGER.
L'offre à l'intérieur du parc se limite à une grande maison en bois:
La Chamanna Cluozza , située à près de 1 900 mètres d'altitude (68 lits dont 44 en dortoirs)
A partir de 39,50 € en demi-pension. (Tél.: 00.41.81 856.12.35)
et à un hôtel, Il Fuorn , agréable établissement tenu depuis quatre générations par la même famille.
A partir de 51 € par personne en chambre double. (Tél. : 00.41.81 856.12.26)
Autour du parc, les possibilités de logement sont nombreuses.