Mais bien plus qu'une découverte touristique, l'Inde appelle un voyage initiatique. Ce pays-continent surprend, effraie même parfois par son identité tissée de paradoxes. Ainsi l'Inde, à n'en pas douter, est une authentique démocratie ; pourtant, elle vit encore dans le système des castes. Des traditions séculaires la dominent, pour le meilleur et parfois hélas ! pour le pire ; pourtant, elle est devenue l'un des hauts lieux de la modernité high-tech en Asie, notamment du côté de Bangalore. Il faut oublier les vieux schémas et les certitudes. Et surtout ne jamais juger.
Cet immense pays, qui compte plus d'un milliard d'habitants, ne se laisse pas découvrir en une fois. On peut l'aborder par le nord, à Delhi, la capitale aux deux visages : la ville ancienne, avec ses monuments et ses marchés grouillants et colorés ; la ville nouvelle, avec ses larges avenues, ses élégantes architectures anglo-indiennes et de récents développements urbains, boutiques et restaurants design à l'usage d'une nouvelle bourgeoisie. Autre accès : par Bombay (Mumbai), ville magnifique et terrible, où le spectacle quotidien de la misère frappe de plein fouet ; mais aussi ville-lumière vers laquelle convergent tous les rêves - mythique Bollywood -, vibrante de créativité, incroyablement séduisante.
Voie royale pour la découverte de l'Inde : les routes du Rajasthan et du Gujerat, dont les noms évoquent des fastes anciens et la légende dorée des maharajas. Dès le premier contact, on est conquis par la beauté des habitants et la splendeur des paysages, la force d'une culture marquée par l'influence moghole, le raffinement des arts (architecture, peinture, musique...) et des artisanats. Les femmes dans leurs saris de couleurs, parées de multiples bijoux, ont une grâce inimitable ; les hommes au front ceint d'un énorme turban portent souvent des bracelets et des boucles d'oreille d'or ou d'argent. Voir Jaipur la rose avec son palais des vents, son observatoire créé par un maharaja astronome, le marché où l'on s'émerveille de retrouver les scènes et les visages capturés, dans les années 1950, par les photos de Cartier-Bresson. Mais aussi Jodhpur, la ville bleue, et sa forteresse. Agra et son Taj Mahal. Udaipur et ses palais reflétés au miroir d'un lac. Au-delà de la légende dorée des cours princières, on découvre un Rajasthan plus secret. Les déserts de sable ocre où baladins, bohémiens et nomades se réunissent pour des foires aux chameaux ou aux chevaux, pour des célébrations religieuses. Les villages où tout un peuple de cultivateurs et de bergers vit au rythme des moussons.
Plus au nord, il faut remonter vers les contreforts de l'Himalaya où naissent les deux grands fleuves de l'Inde, source de toute vie, de toute culture. Vers les hautes vallées de l'Indus, à travers des territoires de légende qui s'ouvrent peu à peu au tourisme : le Cachemire musulman et le Ladakh bouddhiste. Et vers les sources du Gange, le fleuve sacré. Avant de redescendre vers Bénarès et Calcutta. Plus au sud, on se laissera prendre aux sortilèges de Goa, on dérivera sur les backwaters du Kerala. On visitera Trichy et Madurai, villes de temples, avant de se laisser gagner par la nostalgie des anciens comptoirs : Pondichéry, Cochin, où subsistent encore çà et là une place Jeanne-d'Arc, une rue Romain-Rolland... Là où le rêve de l'Inde se confond avec notre histoire