Pour tourner les scènes extérieures de ses premiers westerns, Sergio Leone n'avait pas eu à aller loin: à une heure de route de Rome, les Abruzzes lui offraient les somptueux décors de leurs massifs calcaires. Cette région traversée par la chaîne des Apennins, au bord de l'Adriatique, regroupe quatre grands parcs nationaux d'où ours et loups n'ont jamais disparu. Le sacré et la science y cohabitent aussi. D'innombrables églises fortifiées, ou parfois taillées à même la roche, ont conservé leurs trésors, mais au plus profond de la montagne, dans le laboratoire souterrain du Gran Sasso, des physiciens venus du monde entier traquent les neutrinos. Ce n'est pas un hasard si la beauté âpre, parfois littéralement vertigineuse, de ce pays de citadelles et de villes perchées a beaucoup inspiré l'artiste néerlandais M.C. Escher, maître des illusions. Il faut visiter L'Aquila, chef-lieu historique, Lanciano et sa cathédrale, ou encore Santo Stefano di Sessano, aux portes de l'immense plateau du Campo Imperatore. Et, bien sûr, Fara San Martino, la capitale des pâtes artisanales, car c'est ici, dit-on, que sont fabriquées depuis toujours les meilleures maccheroncini, sagnette ou linguine d'Italie. Les ruelles escarpées de Pacentro valent également le détour. Le village a acquis une certaine célébrité depuis que Madonna est venue y voir ses grands-parents, mais s'il y a un lieu à ne pas manquer, c'est la taverne De Li Caldora, qui surplombe la vallée. On y sert une cuisine à la fois simple, légère et savoureuse, à base de produits locaux, tels que les cèpes, le cabri, les truffes et le safran de la Piana di Navelli.
Comme tous les bourgs d'altitude, hélas, Pacentro perd chaque année des habitants au profit de Pescara, devenue en quelques décennies la capitale économique de la région. Port de commerce et de plaisance, la ville se modernise à marche forcée. Au nord de Pescara, les plages de sable fin se succèdent jusqu'à l'horizon ; c'est l'Adriatique des parasols et du farniente. Au sud, la côte verdit et s'échancre de criques sauvages. Les touristes y sont encore rares. Du haut des falaises, on aperçoit les trabocchi juchés au-dessus des flots comme des insectes aux antennes démesurées. L'écrivain le plus célèbre des Abruzzes, le fantasque Gabriele d'Annunzio, a souvent célébré l'étrange beauté de ces constructions sur pilotis d'apparence si frêle, longues de plusieurs dizaines de mètres. Les trabocchi sont là depuis des siècles, régulièrement détruits par les tempêtes, rebâtis, rafistolés avec du bois d'épave. Ils tirent leur nom du trébuchet, ce balancier – autrefois machine de guerre – servant à relever les filets de pêche. Leur architecture unique et changeante, enchevêtrement invraisemblable de poutres et de cordes, leur a valu d'être inscrits par l'Unesco au patrimoine de l'humanité. Les trabocchi faisaient autrefois vivre des familles entières. Aujourd'hui, le poisson ayant déserté les côtes, on y vient le week-end pour jouer aux cartes autour d'une bonne bouteille de Montepulciano d'Abruzzo, ou pour le seul plaisir d'une aube magique, entre ciel et mer..
Maggiore, tél. 00-39-848-867-067.www.maggiore.it
Informations pratiques
Office national italien du Tourisme, 01-42-66-82-26.
Se restaurer
Trattoria « da Rino ». Une trattoria à l'ancienne.
Via S. Marciano 2, L'Aquila, Tél. 0862-25280
Ristorante La Bandiera. Menus à partir de 10 € au déjeuner.
C. da Pastini 4, Civitella Casanova. Tél. 085-845789.
Auberges de jeunesse Rome
Guide Rome