Sa Majesté Carnaval s'appelle «Den-Paolig», le «pauvre homme» en breton. Lequel n'a vraiment rien d'un géant royal, 3 m de haut et réalisé à l'effigie d'une personnalité locale ( !), homme ou femme. Le samedi après-midi, il se balade dans les rues avant d'être mis en place, autrement dit attaché au fronton des halles. C'est là qu'il passera les Gras avant de finir le mercredi soir sur le bûcher. Triste sort en vérité, quoique scellé par une foule en liesse qui l'accompagnera jusqu'au port de pêche pour le voir brûler.
La fièvre du samedi soir se vit à la salle des fêtes où un bal masqué et costumé est donné. La soirée commence dès le dîner, dans les restaurants du port, où l'on s'attable déjà travesti. Le dimanche en revanche, c'est en civil qu'il convient d'assister au défilé de chars, fanfares et majorettes. Non sans avoir, au préalable, rangé soigneusement le précieux costume qu'on endossera à nouveau le mardi soir. Une douzaine de chars, donc, traverse la ville. Le lundi, c'est relâche et mardi gras, la fête repart de plus belle. Le mercredi après-midi, les enfants se déguisent à leur tour pour aller au bal qui leur est réservé.
Naguère, durant cette période, le quotidien s'arrêtait et toute la vie de la cité se concentrait sur les réjouissances carnavalesques. Les bars ne fermaient qu'à 4 h du matin pour rouvrir à 6 h. Les écoliers n'allaient pas en classe et la plupart des parents bénéficiaient de RTT avant l'heure. Aujourd'hui, on continue de travailler, les enfants n'ont pas de congés spéciaux et les bars sont invités à fermer plus tôt... Mais la fête existe toujours. Dans Boucaille sur Douarnenez (Editions du Palémon, 1998), Jean Failler, auteur vedette du polar breton, en retrace l'ambiance bon enfant et pas folklorique pour un sou.