Pari gagné, nous quittons Obrov pour rejoindre Vodice où notre carte indique un poste frontière. C'est une route gravillonnée de 15 kms qui se présente à nous et nous cherchons toujours la frontière ! Nous ne rencontrons personne sur la route excepté un brave monsieur installé à couper du bois au milieu de la piste en pleine forêt. La vue d'un véhicule le surprend visiblement et il déplace volontiers son tracteur. Nos connaissances en croate étant encore très limitées, nous nous contentons d'un regard sympathique et d'un petit ciao.
Nous avons passé une bonne partie de la journée à rouler, les enfants commencent à être un peu barbouillés et nous supplient de faire une pause. Celle-ci se fera à Brest (salut les Bretons de la Présipauté!) au milieu de paysages vallonnés magnifiques avec des forêts à perte de vue. Nous faisons une escale dîner/gazole à Buzet (là aussi il y a du vin, salut Jean-Luc) mais il pleut toujours, il fait froid et la ville nous donne le cafard. Après, Brest, Buzet, nous nous disons qu'il faut peut-être aller vers des endroits aux consonances moins françaises et nous décidons de rouler de nuit vers la côte. Après un dîner frugal que nous plaçons sous le signe de l'arnaque, au moment de repartir Topette nous fait son premier caprice et décide qu'il n'y aura plus de phares. L'interrupteur a rendu l'âme. Avant de faire un triple pontage électrique avec un fil de récupération, je vérifie si je n'ai pas apporté l'interrupteur trouvé dans le cendrier au moment de l'achat de Topette. Magique, il est là, il fonctionne, c'est reparti et roule Topette.
Cette entrée en Croatie nous laisse un sentiment étrange, ce fut une journée triste et pas marrante.
Depuis, nous avons découvert le charme et la beauté de la Croatie. Bien que très touristique, l'Istrie a su préserver sa nature et son littoral. Nous pourrions nous croire dans le golfe du Morbihan avec la limpidité de l'eau des Caraïbes.
Après la plage, nous voici partis dans les terres vers le parc de Plitvice, 16 lacs aux eaux turquoises au milieu d'une immense forêt. C'est tellement beau que l'on se croirait presque dans un décor artificiel. Nous parcourons le parc en long, en large et en travers, les enfants suivent (merci aux histoires de Cendrillon et Heïdi qui font oublier à Jade et Titouan que parfois ça monte!).Je ne me lasse pas d'admirer le paysage, lacs, cascades, forêt, eau couleur caraïbes. Nous bivouaquons près d'un hameau que j'ai surnommé "le village de Heïdi", les maisons en bois sont toutes mignonnettes. Nous n'avons pas regretté la proximité du hameau le jour ou Topette nous a fait la bonne blague de rester enlisé. Benoît a sorti tout le matériel: pelle, plaques de désensablement et s'est mis au travail pendant que je tentais de rassurer les enfants alors que je pensais tout bas, "dans quelle galère sommes-nous? " Après plusieurs tentatives infructueuses, Benoît décide de partir à la recherche d'un tracteur dans le hameau (papier et crayon en main pour se faire comprendre par des dessins). A ce moment précis, notre sauveur arrive en 4x4. Le chauffeur Croate ne parle pas un mot d'anglais mais ce n'est pas difficile de lui faire comprendre ce qui nous arrive. Une corde, des noeuds solides et le tour est joué. Nous sommes contents et notre Croate repart une bouteille de chinon sous le bras.