ÉTAPE 2
L’ARRIVÉE ET L’ACCLIMATATIONUne compagnie (Air Austral) assure la liaison métropole-Mayotte. Pas de vol direct, il nous faut aller jusqu’à La Réunion en passant au-dessus de Madagascar et revenir sur nos pas : quinze heures d’avion… Alors, l’idée de nous reposer en arrivant nous effleure l’esprit ! La porte de l’avion s’ouvre, je hume une première bouffée d’air… Et là, c’est le choc ! Je ne peux plus respirer : 34 °C, 95 % d’humidité ! Il nous faut bien dix minutes pour nous habituer.
Nous venons d’atterrir à l’aéroport international de Dzaoudzi sur Petite-Terre, la petite île. Nous sommes en pleine saison des pluies, mais là, elle nous a épargnés : elle est tombée quelques heures plus tôt. La liaison avec Grande-Terre, la grande île, est assurée par une barge, un bateau équipé pour accueillir des voitures. Nous accostons dans la « capitale » de Mayotte, Mamoudzou. Le marché est bruyant et typique. Nous empruntons les routes locales pour rejoindre notre Q.G. de l’autre côté de l’île. C’est à Mtsangamouji que nous vivrons pendant douze jours. Une belle maison de style colonial construite avec des briques, du ciment… Autant dire un luxe, au vu des autres constructions sur l’île. Le jardin est féerique. Nous sommes bien sous les tropiques…
ÉTAPE 3
NGOUJA (GRANDE-TERRE), LE PARADIS SUR TERREMayotte n’a pas le statut de DOM-TOM, mais celui de collectivité territoriale d’outre-mer. En conséquence, les aides de la métropole sont assez faibles, tout comme le P.I.B. par habitant. Le tourisme n’est pas très développé et seuls quelques endroits sur l’île peuvent accueillir les voyageurs. Les plages sont quasi désertes, et surtout, assez peu nombreuses.
Ngouja est l’une des rares plages de sable fin de l’île. L’une des rares praticables en cette saison des pluies, tant la boue et les déchets inondent le littoral. Leur gestion est un problème majeur à Mayotte.
Après avoir traversé quelques villages aux noms aussi folkloriques que compliqués (Mramadoudou, Chirongui, Chiconi…), nous arrivons sur la plage de Ngouja. Pour le plus grand bonheur des makis, nous avons pensé à prendre un régime de bananes. Niché dans les arbres, le maki est une espèce de lémurien. Très sociable, il ne s’intéresse qu’aux bananiers qui poussent par milliers sur l’île. Nous partageons nos bananes avec eux. Ils sautent même sur nos épaules pour venir se servir !
Nous essuyons notre cinquième averse de la journée, puis nous entrons dans un restaurant au bord la mer. Le soleil revient, la mer brille, c’est un paysage fabuleux. Je cours dans l’eau avec mon masque et je tombe sur ce que j’étais venu voir : une tortue géante se délecte devant moi dans 1 mètre d’eau. Je l’observe sans la déranger. Je suis béat. Je fais de grands signes à ma famille qui digère sous les baobabs de la plage. Au restaurant, les makis nous rejoignent encore… Le déluge aussi.
ÉTAPE 4
MTZAMBORO ET LE NORD DE GRANDE-TERRENous partons pour Mtzamboro, au nord. La plage est impraticable, mais le village est vraiment typique. Nous allons manger local. Une aventure ! Nous commandons du zébu, des bananes frites et des frites de manioc. Nous visitons le village, les maisons et les cases sont éparpillées dans un paysage tropical de bananiers, d’ylangs-ylangs et de forêt dense. Chez l’habitant, nous découvrons une production locale de dentelle inspirée de celle de Madagascar. Le contact est facile et les sourires sincères. Le touriste s’aventure peu dans ces coins-là.
La culture mahoraise est très proche de celle de l’Afrique. L’immigration à Mayotte a permis à l’île de se doter de pêcheurs et de commerçants. Aujourd’hui, la lutte contre l’immigration comorienne, notamment, ralentit son expansion. Ce périple au cœur de la culture mahoraise nous fait prendre conscience de ce qui lie Mayotte à la France et de ce qui l’en éloigne.
ÉTAPE 5
PETITE-TERREAvec mon amie, nous prenons la voiture pour aller visiter cette petite île volcanique de Mayotte. C’est là que se sont isolés les Dzoungou(les Blancs) et que la Légion étrangère s’est implantée. Arrivés à Labattoir, nous nous dirigeons vers l’aéroport pour aller faire un tour en U.L.M. Nous sommes à moitié surpris de constater que l’U.L.M. utilise la même piste que les avions de l’île. Mais le seul contrôleur aérien veille au grain…
Et c’est parti ! C’est extraordinaire. Nos deux U.L.M. ont survécu au décollage et nous voilà à 1 000 mètres au-dessus de la mer. De là, nous pouvons tout voir. La barrière de corail qui entoure Mayotte est incroyable. C’est le deuxième plus grand lagon du monde, le paysage est fascinant. Nous apprenons que les baleines viennent y mettre bas, à l’abri des requins, que les tortues y vivent en nombre et que le corail est unique au monde. Quelques îlots isolés offrent la possibilité d’être seul au monde, à condition de s’y rendre en bateau.
Nous zigzaguons entre les orages et nous faisons le tour de la grande île. La forêt est partout, les villages isolés, la boue a envahi le bord de mer à cause des fortes pluies, mais quel spectacle ! Nous devons atterrir, mais un avion de ligne arrive. C’est avec plaisir que notre périple se prolonge de quelques minutes.
ÉTAPE 6
LA PLAGE DE MOYA (PETITE-TERRE)De retour sur la terre ferme, nous parcourons 1 km au nord, là où le volcan éteint se dresse. Nous montons sur son flanc, mais les moustiques et le virus du chikungunya (sévissant à l’époque) nous découragent d’en faire le tour. Le lac intérieur est inviolé et d’une couleur splendide.
La double plage surveillée de Moya nous appelle (nous l’avions repérée de là-haut). Dix minutes à pied et un deuxième paradis s’ouvre devant nos yeux. Les trous dans le sable témoignent de l’intérêt des tortues pour cet espace. Elles y viennent pondre la nuit. Les roussettes, des chauve-souris géantes mais inoffensives, remplacent les traditionnelles mouettes du littoral français. Elles voltigent au-dessus de nos têtes tandis que nous nous prélassons dans une eau à 30 °C…
MÉMO VOYAGEÀ savoir :Mayotte est à très grande majorité musulmane. Les mosquées foisonnent et les habitants font la prière. En conséquence, veillez à porter des tenues vestimentaires appropriées.
Les mets locaux sont peu diversifiés, mais assez originaux. Attention tout de même au piment !
Vous serez certainement surpris par le paradoxe entre les habitations, assez spartiates, et les voitures dignes des meilleurs films texans…
Les gens qui se promènent avec des machettes ne vous en veulent pas forcément : ils vont couper des bananes ou travailler en forêt. Malgré tout, veillez à ne pas trop vous isoler en forêt ou sur une plage, près d’un groupe de trente hommes : la sécurité n’est pas assurée partout.
Si les moustiques ne sont pas gros comme des oiseaux, ils sont légion. Achetez douze antimoustiques différents, s’il le faut, mais achetez-les !
À découvrir :Très peu tourné vers le tourisme, Mayotte offre des paysages bruts, une jungle dense et quelques plages vierges. Au cours de mes deux semaines passées là-bas, j’ai pu découvrir les charmes cachés de l’île : les plages, rares mais paradisiaques, une nature sauvage et les makis.
Le fait même d’aller sur l’île est une découverte. À faire : le tour en U.L.M., l’excursion au volcan, les plages de Ngouja et de Moya, la visite de quelques villages et l’expérience de la nourriture locale. Testez les restaurants de poissons à Mamoudzou et les délicieuses spécialités de carpaccios.
À éviter :Eh bien, tout… pour ceux qui n’aiment que les hôtels cinq étoiles. Et pas grand-chose pour les autres.
Quelques plages sont assez repoussantes, à cause de la pollution due au plastique jeté au bord des routes ou dans l’eau.
Le naturisme est à éviter.
Partir en février, comme nous, n’est pas très recommandé. Les saisons sont inversées et il vaut mieux éviter celle des pluies, qui réduit les possibilités d’excursions.
Liens utiles :Le site de l’office du tourisme de Mayotte