Après la douane, on s'est regardé avec Isabelle, un sourire au coin des lèvres, avec le même sentiment, celui d'être heureux d'arriver en Bulgarie. On ne sait pas vraiment pourquoi mais nous sentions que nous allions aimer ce pays et y faire des rencontres.
Nous décidons de sortir un peu de Sofia pour trouver un bivouac. Entre les panneaux arrachés pour être revendus et ceux en alphabet cyrillique, pas facile d'accéder au lac que nous avions repéré sur la carte ! Nous bénissons notre boussole. Je finis par repérer un panneau avec quelques indications nautiques (ah la passion...), on trouve un portail ouvert, on s'engouffre, il est 21h et on arrive au bord du lac accueillis par un chien de garde. Au loin, deux hommes qui se rapprochent, nous leur expliquons par gestes que nous aimerions bien dormir ici, que nous sommes Français (c'est toujours un bon passeport, en tout cas bien mieux qu'Américain ou Anglais, en ce moment ...). Après un "OK, no problem, here security", l'un d'eux prend un téléphone et nous le passe : "Bonjour, il n'y a pas de problèmes, vous pouvez dormir là, je suis Hélène la femme de Hristo et je viendrai vous voir demain matin". Quel accueil ! Nous savions que nous aimerions la Bulgarie !
Nous avons passé trois jours à cet endroit à découvrir Sofia avec Hélène et le soir, la gastronomie bulgare tous ensemble. Avec eux, nous avons découvert entre autres les banitsas, une sorte de feuilleté au sirene (la fêta locale)qu'on apprécie même sans faim, le yaourt au lait de buffle et le Mavrut, un vin excellent digne d'un bon bordeaux. Impossible de passer en Bulgarie sans apprendre "Nasdravé", "à la vôtre" en Bulgare !
La grand-mère d'Hélène était Française, mariée à un Bulgare et restée bloquée en Bulgarie faute d'autorisation de sortie pendant l'ère communiste. Hélène, qui parle bien le français, nous a fourni des informations sur le pays.
Les enfants ont été couverts de cadeaux ! Nous avons quitté le parking du chantier de Hristo avec un pincement au coeur, bluffés par l'accueil, la générosité et la disponibilité de ce couple. Une de ces rencontres qui marque l'existence.
Nous avons repris la route vers les montagnes du sud à la recherche de la Bulgarie authentique. Tout en évitant les nombreux nids de poule et les nombreuses charrettes encore très présentes, la route nous a mené jusqu'aux magnifiques monastères de Rila, Rozhen et Bachkovo ainsi qu'aux villages typiques de Melnik, Kovachenitsa, Trigrad et Chiroka-Laka.
Nous sommes restés trois jours à Kovachenitsa, petit village de 50 habitants où nous avons fait la connaissance de Nicolas et Marguerite. Marguerite, c'est l'âne de Nicolas avec qui nous avons partagé un goûter de pain, sirene et kompot (framboises au sirop)dans le pré qu'il fauchait. Les enfants, eux, ont plutôt sympathisés avec Marguerite! Le soir, on venait frapper au camion pour nous apporter tantôt du lait, tantôt de la confiture de fraises des bois, tantôt du yaourt. Nous nous y sommes sentis bien et nous avons pu trouver quelques personnes qui parlaient le français, ce qui nous a permis d'échanger.
Après 10 jours de bivouacs, nous visons Veliko Tarnovo, très belle petite ville encaissée au milieu de 4 montagnes. Enfin un camping en perspective, à nous les douches chaudes ! Le climat étant un peu frais dans les montagnes le matin et le soir, pour éviter d'infliger des douches froides aux enfants,nous faisions chauffer de l'eau dans une casserole pour un mini bain dans une bassine.
A notre arrivée, ce prétendu camping se révèle être un misérable parking au bitume ravagé, sans eau ni électricité au bord de l'autoroute. Un 4x4 immatriculé en France et conçu pour l'aventure est déjà là, il attise notre curiosité, de plus, fatigués de la journée de route nous décidons malgré tout de rester une nuit. Le soir, alors que l'orage gronde, nous faisons la connaissance de Bruno, un ami du Petit Prince, qui voyage depuis 7 ans et qui oeuvre principalement dans les parcs naturels pour la préservation des animaux. Nous passerons 2 jours ensemble, sous la pluie, car c'est le déluge, à nous raconter des histoires de voyage... Jade et Titouan sont en admiration devant Bruno que nous ne connaissions pas hier et qui caresse deux lions en Afrique ou qui nourrit les singes dans la jungle. Nous devrions nous retrouver en Inde pour peut-être voir le tigre du bengale, Inch Allah ...
La pluie nous aura bel et bien empêché de découvrir Veliko Tarnovo, en revanche on a découvert quelques fuites dans Topette ... à revoir en perspective de la mousson. Malgré la promiscuité dans le camion par temps de pluie, nous n'avons même pas eu besoin d'avoir recours au DVD pour occuper les enfants, ils ont fait preuve d'une grande patience... comme s'ils avaient compris que nous ne pouvions rien y faire. En quittant Veliko Tarnovo pour Varna, la police bloquait les routes car c'était l'inondation générale : glissements de terrains, voitures emportées, routes coupées et un triste bilan de 5 morts.
A Varna, nous avions rendez-vous avec Flo et Thierry, chez Lucien le père de Flo. Les retrouvailles furent fêtées dignement comme les 10 jours qui ont suivis. Nous nous sommes posés quelques jours dans la petite maison de campagne de Lucien, c'était un peu des vacances ... ! Nous avons profité de la mer Noire et les enfants ont joué avec Philippe, Batiste et Camille, on en a presque oublié que l'on voyageait à quatre. Encore merci à Lucien pour son accueil chaleureux.
Et voilà... nous pensions rester 2 ou 3 semaines en Bulgarie et nous partons 4 semaines plus tard, enchantés. Nous sommes autant nostalgiques de quitter la Bulgarie, qu'heureux d'arriver en Turquie, l'Asie nous tend les bras.