POURQUOI, COMMENT ?L’Iran. Quand j’ai annoncé que c’était ma prochaine destination de vacances, on m’a dit : « C’est original… » Avant d’ajouter :
« Mais tu n’as pas peur ? » Ce voyage inquiétait la quasi-totalité de ma famille et de mes amis. Pourtant, depuis ce soir où les reportages de l’émission « Des racines et des ailes » m’avaient révélé la grandeur et la beauté de la civilisation perse, je savais que le désir de m’y rendre ne me quitterait plus. D’autant plus que des touristes français interviewés affirmaient que les Iraniens étaient extrêmement accueillants. « Le peuple le plus aimable du monde », avait même ajouté l’un d’eux… C’était décidé, moi aussi, j’irais.
ÉTAPE 2
L’ARRIVÉE À TÉHÉRANAvant tout, pour partir admirer les ors et les turquoises des mausolées et des mosquées du pays des Mille et Une Nuits, je dois repenser ma garde-robe d’Occidentale : mes bras, mes jambes, mes pieds, mon cou et mes « formes » devront être cachés. J’ai prévu des tuniques indiennes de toutes les couleurs que je porterai sur des pantalons. Par coquetterie, j’assortirai mon foulard à la tunique du jour. Cette préoccupation esthétique sera mon espace de liberté féminine pendant deux semaines.
Nous arrivons de nuit à Téhéran. Je fais ma première rencontre avec l’Iran au petit déjeuner de l’Azadi Grand Hotel. Avec le foulard, aucune des femmes du groupe n’est reconnaissable de dos. Debout, agrippée à mon plateau, je cherche une table pour m’installer, mais les seules places libres se trouvent en face d’hommes, certains enturbannés. Je remarque deux jeunes filles que ma mésaventure amuse. Elles sont très belles, l’une d’elles a des sourcils à la Frida Kahlo. Bien qu’elle ne parle pas anglais, je comprends qu’il s’agit d’une particularité esthétique d’une province iranienne et qu’elle en est très fière.
Après plusieurs heures dans les embouteillages, nous atteignons leMusée archéologique. Nous y admirons de très beaux vases néolithiques, des bas-reliefs achéménides… En provenance de Suse, un gigantesque chapiteau à tête de lion ailé, des fresques en briques vernissées… Première surprise pour l’Occidentale que je suis : à la sortie, pas de carte postale, ni de boutique !
Juste à côté, nous découvrons le Musée iranien de la période islamique. Émerveillée, absorbée par l’éclat des enluminures et le foisonnement des arabesques peintes ou tissées, je me réjouis de l’absence de textes explicatifs qui me permet de m’abandonner totalement à la contemplation.
Autre pure merveille : le musée du Verre et de la Céramique. Situé dans un magnifique palais qadjar, c’est sans doute le plus beau musée d’Iran.
Après un déjeuner typique, nous visitons le musée du Tapis. Il abrite une collection de tapis et de kilims de toutes les régions du pays. Les plus fins d’entre eux peuvent compter six mille nœuds ou plus au décimètre carré !
Difficile d’avancer dans les ruelles du souk, encombrées de chariots et de marchandises empilées de façon improbable. Difficile aussi de s’arrêter pour prendre des photos car les boutiquiers m’interpellent et tentent de m’attirer dans leurs échoppes. Difficile encore de ne pas remarquer la beauté et la noblesse du peuple iranien. Rares sont les femmes qui ne m’adressent pas un sourire. Une poignée d’entre elles me lance tout de même un regard aussi noir que leur tchador… Je suis pourtant couverte de la tête aux pieds !