A 12 km de la Guadeloupe, c'est l'île phare des Saintes, l'une deux seules, avec Terre-de-Bas, à être habitée sur cet archipel qui compte neuf îlots. Du reste, quand les métropolitains parlent des Saintes, c'est presque toujours de Terre-de-Haut. Car sa baie fait partie des trois plus belles du monde, après celle de Rio de Janeiro, au Brésil, et la baie d'Along, au Vietnam. Un classement dû au Pain de Sucre et à ses orgues basaltiques que l'on distingue sur la carte, sur la côte sud de l'île.
Le plus souvent, Terre-de-Haut est abordée par le débarcadère situé dans la Petite-Anse. Vu du ciel, l'objectif a saisi cette construction blanche en angle droit, affleurant les habitations côtières.
Mais certains optent pour le petit avion qui décolle à Pointe-à-Pitre (la capitale de la Guadeloupe). Une belle émotion les attend en approche finale de la piste de l'aérodrome. Elle est si courte qu'une subite pensée traverse l'esprit du profane à la vue des montagnes qui lui font face. Sur la carte, c'est la diagonale qui apparaît au milieu, entre le bourg et la plage de Grande-Anse (la seule interdite à la baignade).
Les Saintes ne constituent souvent qu'une escale de quelques heures pour les croisiéristes dont les paquebots mouillent entre l'îlet à Cabrit, qui ferme la rade au nord-ouest, et le Pain de Sucre, «spot» de plongée remarquable au sud-ouest de l'île. Le temps d'une excursion au fort Napoléon. Cet ouvrage militaire défensif «à la Vauban», construit de 1844 à 1867, mérite certes le détour. Ne serait-ce que pour y découvrir l'histoire de l'archipel. On y apprend notamment que Terre-de-Haut est une expression marine du XVe siècle, désignant la première terre à recevoir le vent. Mieux encore, la muséographie raconte toute la Guadeloupe, des origines à nos jours. Quant au chemin de ronde, il est peuplé d'iguanes, nombreux, qui batifolent dans le jardin botanique d'où la vue embrasse un panorama grandiose.
Or les Saintes recèlent d'autres sites d'intérêt touristique. Se balader sur les sentiers, sur la trace des Crêtes ou celle du Chameau (point culminant à 309 m), permet de s'enivrer de la beauté sauvage de cette île volcanique baignée de flots turquoise, ciselée de côtes, hérissée de mornes, mais apaisante quand elle déroule ses rubans de sable fin. La plage la plus prisée est celle de Pompierre, au nord-est. C'est une vraie carte postale telle qu'on en voit dans les brochures en papier glacé, avec une pléiade de cocotiers ployés sur le rivage, et l'eau cristalline ourlant, à tribord, une curiosité géologique, les Roches percées, très prisée des plongeurs.
Un brin de temps supplémentaire suffit à mettre le cap sur Terre-de-Bas, à quinze minutes en bateau, au sud-ouest de Terre-de-Haut. C'est l'île aux épices, avec une forêt riche d'essences odoriférantes, «l'île aux mille et une mares», dit-on encore ici. Un paradis pour les amoureux de la nature.