D’abord, se munir de livres. Par exemple, “ le Colosse de Maroussi ” de Henry Miller, excellente introduction au voyage en Grèce, “ les Sept Vies des chats d’Athènes ”, de Takis Théodoropoulos, une satire politique à quelques jours des J.O., et “ Vue de l’Acropole ”, de Chateaubriand, ou “ Six Nuits sur l’Acropole ”, de Georges Séféris, parce que ce rocher sacré surplombe la ville et que les Athéniens vivent sous son ombre tutélaire.
Il faut s’y rendre, à l’Acropole, pas à l’heure des touristes, mais par une nuit de pleine lune, quand elle reste ouverte, pour écouter de la poésie ou de la musique. Et l’admirer, de près, encadrée comme un tableau au détour de deux rues, ou, de plus loin, aperçue du bateau qui revient d’une île. On se promènera alentour, dans les rues piétonnes du quartier d’Anafiotika aux bougainvillées fuchsia, entre chien et loup.
Puis, selon, on dégustera une glace au yaourt Dodoni ou on sirotera un cognac Metaxas, à moins que cela ne soit un raki. D’emblée, il convient de se laisser charmer par l’étrangeté de la ville, par l’alphabet cyrillique qui perd du terrain – c’est certain – au profit de l’écriture latine, par cette langue chantante, avec ses roulements de “ r ” et ses bruissements de “ i ”, qui nous ramène aux sources. On ne manquera pas de vous le rappeler : la démocratie est née ici. Suivront les doléances : les encombrements (plus de trois millions de personnes y vivent), la pollution (les voitures, selon leur plaque d’immatriculation, circulent un jour sur deux) .
Tout cela est vrai.
N’empêche, même Ermou, la plus commerçante des rues avec ses enseignes européennes, garde un parfum d’ailleurs : les vendeurs de loto, ceux de beignets, la musique, les icônes, et puis, surgissant de nulle part, une magnifique petite église. Allez y mettre un cierge fait en cire d’abeille et amusez-vous à compter les autres chapelles byzantines de la ville. Le dimanche est le meilleur jour pour déambuler dans Monastiraki : s’y tiennent les puces. Un incontournable dans la vie des Athéniens. De là, on peut aller à Psiri, le quartier des ferblantiers devenu à la mode, où les bars branchés concurrencent les “ bouzoukias ” pour touristes.
On peut aussi pousser jusqu’à Gazi, une ancienne usine à gaz magnifiquement restaurée, haut lieu culturel avec expositions et spectacles. En passant place Syntagma, prenez le métro : la station mérite le coup d’œil. C’est un musée archéologique. Profitez-en pour visiter les musées Benaki, témoignage de l’art grec sous toutes ses formes, et Goulandris, sur l’art cycladique, ils sont à un jet de pierre.
Remontez jusqu’à Kolonaki, l’endroit chic. La place du même nom est le rendez-vous des Athéniens. À l’ombre des orangers, on trouve un périptère (kiosque) avec la presse internationale, des taxis jaunes en rangs serrés et les terrasses pour voir et être vu : Peros, Da Capo ou Ciao...
Changeons d’ambiance. Omania, une place animée vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On déjeune dans la taverne sans nom, dite Di Porto, située sous le palais des Olives dans une bâtisse désaffectée, où vendeurs de poules et politiciens se côtoient et, le vin résiné aidant, chantent tard dans l’après-midi, et on soupe au cœur des étals, dans le marché central, de belles halles du XIXe siècle. Vous pouvez aussi voir un film dans un des cinémas de plein air qui fleurissent dès les beaux jours.
Pour dire au revoir à la ville, grimpez sur le mont Lycabette (avec le funiculaire). Et allez au bord de la mer. Car Athènes, c’est la thalassa. Goûtez un petit rouget à Mikrolimano, prenez un bain à Glyfada, rêvez devant les ferrys du Pirée et, pour finir... embarquez pour l’île d’Égine!