A 28 kilomètres de là, sur la côte occidentale de la mer Cantabrique découpée en rias, on découvre Gijòn, port industriel et fier de l'être. Cimadevilla, son quartier de pêcheurs aux ruelles montant en pente douce, est bâti sur une presqu'île qui divise en deux la vaste baie: à l'est, l'immense plage de San Lorenzo, bordée d'édifices disgracieux des années 1960; à l'ouest, le port de pêche, la plage artificielle de Poniente et le port de plaisance – l'ancienne citadelle des Romains. Plus loin El Musel, le port de commerce avec ses grues et ses cargos.
A Gijòn, le Chilien Luis Sepùlveda, auteur du best-seller «le Vieux qui lisait des romans d'amour», est notre cicérone. Ce militant pour la démocratie et pour l'environnement s'y est établi en 1997 après une vie de nomade. Depuis son enfance, Gijòn fait partie de son «inventaire sentimental» car nombreux étaient les Asturiens réfugiés républicains passés sous le toit paternel. «J'aime le caractère insurrectionnel de ce peuple minier, resté fidèle à la République pendant la guerre civile. Son climat avec ses pluies et bourrasques en toute saison me rappelle la Patagonie. Le vent est frais mais la chaleur humaine est celle des gens qui ont souffert. Ils vivent et laissent vivre. Pour faire mousser le cidre et chanter, nous nous rassemblons dans les populaires sidrerias, où le culin – le verre à cidre – circule entre les convives telle une calebasse de maté.» Au serveur incombe le rituel immuable, et la redoutable acrobatie, de verser le liquide: il tient la bouteille à bout de bras en hauteur et le verre de l'autre dirigé vers le sol. Il vise à l'aveugle et verse par petites quantités – histoire d'oxygéner le breuvage à boire cul sec. Les dernières gouttes sont jetées au sol. «Ici, comme au Chili, la langue parlée abuse de diminutifs, se réjouit l'écrivain, on dit un cafelin, un vinin, un culin». Ici «Lucho» a créé «Literastur», une rencontre d'écrivains et éditeurs ibéro-américains, «afin que circule la littérature entre l'Amérique latine et l'Europe». Gijòn soigne son dynamisme culturel lors de nuits blanches, rythmées à la cornemuse, qui enivrent la rue de mots et de sons.
«Tout Gijonais compte au moins un parent qui s'était embarqué dès le XIXe siècle pour faire fortune de l'autre côté de l'Atlantique, explique Sepùlveda, il en est revenu… fauché ou parfois enrichi. Deux monuments qui encadrent la baie témoignent de ces aller-retour: au bout du cap de la Providence, la Madre del Emigrante, une statue en bronze. Les yeux tristes, les cheveux au vent, les bras tendus vers l'horizon dans un mouvement d'adieu.» Sur la colline Santa Catalina, se dresse l'«Elogio del horizonte», monument futuriste d'Eduardo Chillida, emblématique de Gijòn. «Rares sont ceux qui savent ce qu'il signifie, poursuit Sepùlveda. C'est un clin d'œil à la jota asturienne, qui se danse dans un cercle ouvert. C'est l'espace réservé à celui dont on attend le retour. Peut-être le Messie...»
Y aller
Vols directs Paris-aéroport d'Asturias (à 26 km de Gijòn) avec Iberia, 0-820-075-075.
Office espagnol de Tourisme, 01-45-03-82-50, wwww.espagne.infotourisme.com
Sur place: 0034-985-34-60-46. Infogijon: 0034-985-34-17-71, infogijon@gijon.info, www.gijon.info
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