A l'horizon, elle se confond avec le ciel. A nos pieds, elle est d'un bleu abyssal. Où que l'on soit à Amorgos, la mer offre un spectacle fascinant. Ce n'est pas un hasard si Luc Besson a choisi cette île grecque pour tourner «le Grand Bleu». Le film a donné un coup de fouet au tourisme. Pourtant, vingt-cinq ans après, l'île reste préservée. C'est qu'Amorgos se mérite. Ce n'est qu'au bout de longues heures de bateau que l'on rejoint la plus orientale des Cyclades. Et seules les personnes éprises d'authenticité font le voyage. Car plus qu'une île, Amorgos est une montagne plantée dans la mer. Ses quelques plages ne suffiront pas aux amateurs de farniente. Tout en longueur, Amorgos s'étire sur 33 kilomètres, quand elle en fait à peine 6 de large. La côte orientale n'est que falaises se jetant dans la mer. De ce côté, seul l'aérien monastère de Chozoviotissa fait face à l'immensité marine. Mi-troglodyte, mi-suspendu, le monastère est plaqué à la paroi, 300 mètres au-dessus des flots. La vue est à couper le souffle. Le sentier pavé qui grimpe jusqu'au monastère est vertigineux. Pour visiter ce chef-d'œuvre du xie siècle, il faut montrer patte blanche. Porter jupe longue ou paréo pour les femmes, pantalon pour les hommes. A l'intérieur, un verre d'eau et quelques loukoums récompensent nos efforts. Avant de rejoindre la chapelle et son iconostase du xviie siècle tout en bois sculpté.
Si le sud de l'île offre un relief plus clément, le nord joue dans la démesure. Imposant, le Kroukellos culmine à 823 mètres d'altitude. A ses pieds, la baie d'Aegiali forme un prodigieux amphithéâtre naturel. Les terrasses de cultures descendent doucement vers la mer. Tandis que la baie, ourlée d'une superbe plage de sable fin, offre en spectacle la mer Egée, Naxos et les petites Cyclades. Trois villages accrochés à la colline couronnent l'hémicycle: Tholaria, Lagada et Potamos, avec Chora la capitale, les plus beaux de l'île. Les petites maisons chaulées de blanc aux volets bleus offrent l'image même de la pureté cycladique. Bien souvent leurs dédales de ruelles se prolongent en sentiers qui longent des terrasses: ici un carré de vigne, là une aire à battre le blé, plus haut les ruines d'un moulin. On salue avec plaisir un vieil homme fier et droit sur son âne.
Au départ de Lagada ou de Tholaria, parcourir la trilogie des églises (Panaghia Epanochoriani, Agios Theolgos et Stavros) offre l'une des plus belles balades de l'île. Dans un tintement de clochettes, un troupeau de chèvres gourmandes dégringole des rochers pour goûter à quelque buisson d'origan. De retour au village de Tholaria, dans la petite taverne de Panorama, chevreau et fromages locaux font nos délices. Secs et corsés comme le myzithra ou frais et doux comme l'anthrotyro, les fromages d'Amorgos se distinguent de la sempiternelle féta grecque. Point de poisson au menu: Nikolas le tavernier nous apprend que l'île compte plus de bergers que de pêcheurs. A la table d'à côté, lerakomélo, raki local parfumé au miel, coule à flots. Luth et violon se mettent à jouer. Jusqu'au bout de la nuit, ils nous bercent du chant lancinant des Cyclades. On dit qu'à Amorgos il suffit d'être deux pour faire la fête..
Y aller
Paris-Athènes aller-retour à partir de 109 euros HT Vols directs également au départ de cinq villes de France. Compter de 5 à12 h de traversée depuis Le Pirée. Bateau rapide mercredi et samedi. Rés. www.bluestarferries.com et Via Mare, tél. 01-42-80-94-87.
Se loger
Auberge Aegialis, 4*. Toutes les chambres ont vue sur la mer. Piscine d'eau salée, tél. 0030 - 22850-73393, fax 22850-73107, www.amorgos-aegialis.com, à partir de 56 euros la double + petit déjeuner.
Se restaurer
Taverne « Panorama », à Tholaria. Cuisine familiale raffinée. Danse et musique traditionnelles. Tél. 0030 - 22850-73349.
Taverne de poisson « To Limani » à Aigiali, dans la rue parallèle au port. Délicieuse soupe de poisson qui rappelle la bouillabaisse marseillaise (kakavia).